Compte rendu de visioconférence entre le SNALC et le ministre

La question des personnes à risques
Vous avez pris en compte, et nous l’apprécions, les personnels et élèves à risques, et leurs proches. Les questions concernent le mode d’emploi : que doit faire le personnel concerné pour faire reconnaître ce risque ? quelles modalités ? par quels documents ? dans quelle situation se trouvera-t-on une fois le risque reconnu ? dans quelle position administrative se trouvera un personnel non-enseignant dont le travail nécessite la présence ?

Est-ce qu’un personnel peut faire valoir son âge ?
Une part non négligeable de personnels a dépassé 60, certains même 65 ans. Beaucoup de collègues entre 50 et 60 ans sont également très inquiets. Nous souhaitons que ceux qui le souhaitent puissent à ce titre se déclarer personnes à risques.

Les personnels qui ne souhaitent pas renvoyer leurs enfants à l’école
Comment s’applique la notion de « volontariat » des parents pour les personnels de l’EN dont les enfants sont trop jeunes pour se garder seuls ? Peut-il continuer à assurer la continuité pédagogique à distance ? Doit-il trouver une solution de garde ? La question s’applique aussi pour le cas des enfants qui ne retournent pas à l’école en même temps que le parent enseignant.

La prise de décision
Comment se prennent les décisions ? Est-ce chaque école décide de son côté ? ou au-dessus niveau DASEN… ? Si nous comprenons l’intérêt de juger au plus près du terrain, nous pensons que des consignes nationales sont ici nécessaires.
Vous aviez donné la garantie que là où ça ne peut pas rouvrir, on ne rouvre pas. Mais qui peut décider localement de ne pas rouvrir : le maire ? Et si le préfet décide, le maire doit-il s’y conformer ? Est-ce que cette décision peut être prise par le Conseil d’école ? Par le directeur d’école ? Par l’IEN ? Le DASEN ?… Comment cette autorité fait constater que l’on ne peut pas rouvrir ?

Les écoles en zone rouge
Il y a une véritable incompréhension, et même de la colère, au sujet des écoles en zone rouge : pourquoi rouvrir les écoles primaires en zone rouge alors que les collèges ne rouvrent pas ?

Le passage zone rouge / zone verte
Comment fonctionnent ces passages et quel délai est envisagé pour la réouverture effective en cas de changement ?

Collège : la même salle pour le groupe d’élèves
Outre les questions de difficultés de distanciation déjà soulevées pour les écoles, l’idée de garder les élèves le plus possible dans une même salle se heurte au problème des nombreuses disciplines qui nécessitent des salles spécialisées si l’on prétend faire de « l’enseignement » : cela implique alors des déplacements nécessaires pour avoir de « vrais cours » sur une journée complète.

L’organisation des journées
Les journées seront-elles complètes avec l’ensemble des enseignements ? les mêmes horaires ? Y aura-t-il des consignes nationales ? ou laissera-t-on au local le choix de décider ce qu’est l’école et ce qu’on y enseigne ?

Les AESH et les élèves en situation de handicap
Cette question est très importante. Vous avez signalé que ces élèves étaient prioritaires : nous n’avons trouvé qu’une seule mention de ces élèves dans le projet de protocole, indiquant seulement qu’il fallait y apporter une « attention particulière ». Et rien de plus.
Les AESH nous sollicitent très souvent au SNALC : ce sont des personnels pouvant être fragiles, en situation socio-économiques compliquées, parfois familiales également… Or, les AESH sont en incapacité totale de respecter la distanciation physique dans l’exercice de leurs missions. Les AESH ont besoin d’éléments écrits concrets sur ce que doit être leur travail, pour savoir s’ils doivent ou non retourner dans les écoles et établissements. Sinon, nous allons revivre la situation de la mi-mars avec des AESH déboussolés, inquiets, angoissés par des injonctions de venir alors qu’ils n’ont rien à faire en présence. Si l’on veut s’occuper des élèves en situation de handicap, il faut commencer par éclaircir la situation des AESH.

La poursuite de l’accueil actuel
Une fois la progressivité lancée, quelle sera notre capacité à maintenir à temps plein l’accueil des enfants de soignants et autres personnels indispensables ? Le jour où tous les niveaux seront rentrés, notamment dans le premier degré, que fera-t-on des enfants de soignants (et de personnels enseignants en présence) si jamais tout le monde envoie son enfant à l’école ? D’autant que beaucoup de collectivités locales ont déjà déclaré qu’il n’y aurait pas d’activités périscolaires.

La gestion simultanée des services présentiel / distanciel
Vous avez signalé qu’un même enseignant n’aurait pas à faire les deux enseignements : présence en classe et enseignement à distance. Par exemple, si les 3 professeurs d’une école reviennent en présence, qui s’occupe des élèves à distance sur le plan pédagogique ? À l’inverse, si l’on n’a pas assez de professeurs en présence, comment organise-t-on l’accueil ? Comment sont éventuellement sélectionnés les élèves ? Faut-il organiser un roulement de groupes ? Est-ce que l’intelligence du terrain suffira à régler tous ces problèmes ?

L’épreuve anticipée de français (EAF)
Vous avez été destinataire hier d’un courrier intersyndical large auquel se sont associés les parents d’élèves et les lycéens, demandant que l’oral de l’EAF ne soit pas maintenu. Compte tenu du calendrier annoncé par le Premier ministre, nous ne voyons pas comment les élèves pourront être préparés pour cet oral. Il nous parait judicieux et intelligent de ne pas s’enferrer dans cette volonté de maintenir à tout prix cet oral et de donner un signe de bonne volonté.

RÉPONSES DE JEAN-MICHEL BLANQUER
Le ministre rappelle que plusieurs membres du Conseil scientifique se sont exprimés pour dire qu’ils comprenaient la décision politique de réouverture. Des catastrophes considérables sont annoncées si l’on poursuit le confinement jusqu’en septembre.

Commentaire du SNALC : le ministre confond, volontairement ou non, « confinement » et « fermeture des écoles ». Ce sont pourtant deux choses différentes : des pays peuvent déconfiner sans rouvrir leurs écoles, à l’image de l’Italie.

Il faut avoir une vision systémique complète par rapport au pays. La situation est hors du commun. Septembre, c’est très long pour des élèves en situation de décrochage. Sans compter les violences familiales, les enfants qui ne mangent plus à leur faim. La dimension sociale, économique doit être prise en compte. Dans cette situation historique, chacun doit prendre sa responsabilité. Le ministre se dit attristé par le débat polémique dans notre pays par comparaison avec d’autres pays du nord. Il souligne que les réponses sont souvent bienveillantes vis-à-vis des personnes, et qu’il défend des principes sanitaires stricts.

Commentaire du SNALC : comme souvent, on nous ressort « les pays du nord », dont la mortalité est incomparablement plus basse que la nôtre. Quant aux « principes sanitaires stricts », le Conseil scientifique avait préconisé une réouverture en septembre, on l’oublie décidément bien vite.

Les questions du SNALC sont cependant légitimes, pertinentes et utiles et permettent de faire progresser les choses sur ce sujet. Le ministre souhaite un climat de confiance à la hauteur des enjeux de notre pays.

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