Méthodes de lecture : comprendre la polémique

CE QUE L’ON SAIT AUJOURD’HUI

Depuis les années 70 et 80, on a peu à peu vu reculer la part des méthodes idéo- visuelles, même s’il est difficile de quantifier exactement qui fait quoi. Depuis les années 90 les instructions officielles ont peu à peu reprécisé l’importance d’un apprentissage systématique du code. On a vu un premier rappel dans les programmes de 1995, puis dans les documents d’accompagnement des programmes de 2002 et plus clairement dans les programmes de 2008 et 2016 (ces derniers tenant enfin compte des recherches scientifiques).

La plupart des chercheurs et enseignants reconnaissent aujourd’hui que lire c’est comprendre, mais, pour comprendre, il faut savoir décoder vite et bien. Décoder vite, c’est-à-dire à la fois tôt dans l’année, mais aussi dans le sens du temps par mot. Ce qu’en psychologie cognitive on décrit par une formule : lecture = décodage x compréhension. On sait que plus un élève décode vite et facilement, plus il dispose de ressources cognitives qu’il peut allouer à la compréhension, c’est-à-dire l’analyse du vocabulaire, de la syntaxe, des inférences, du contexte, etc.

Les recherches menées dans différents pays aboutissent toutes à la conclusion suivante : les enfants à qui l’on enseigne explicitement quelles lettres correspondent à quels sons apprennent plus vite à lire et comprennent mieux l’écrit que les élèves à qui on laisse découvrir le principe de l’assemblage alphabétique. Par ailleurs, on rajoutera que la pratique quotidienne de l’écriture est indispensable à cette réussite.

Pour faire simple (même si des découvertes sont encore à venir), il existe plusieurs méthodes possibles mais il faut respecter des principes de base : le plus efficace est de consacrer, en début d’année, un temps et une attention importants à l’apprentissage systématique et explicite de la correspondance graphèmes-phonèmes. Ce travail ne peut être mené sans un lien très étroit avec la pratique de l’écriture, pour aller ensuite vers la meilleure compréhension possible. Il est évident que la fréquentation le plus tôt possible des livres, la richesse du vocabulaire et le travail en maternelle sur la phonologie, l’espace, le lexique et le geste graphique sont des facteurs très favorables et indispensables à une bonne entrée dans l’apprentissage de la lecture.

En conclusion, si la querelle des méthodes ressurgit aujourd’hui, c’est parce que nous n’avons pas soldé les erreurs du passé, erreurs que des cadres et même certaines organisations syndicales continuent d’entretenir. Il est plus que temps que l’on s’appuie sur des recherches sérieuses et que l’on arrête de substituer l’idéologie à la pédagogie. Le SNALC est favorable depuis longtemps à ce que l’on tienne compte des recherches et du consensus international sur les principes de base favorables à l’apprentissage de la lecture (les premières recherches d’importance datant de fin 70/début 80, nous avons beaucoup de retard…) qui sont compatibles avec la liberté pédagogique et la créativité des enseignants, dans l’intérêt de tous. L’apprentissage de la lecture-écriture est l’apprentissage le plus important de l’école : il doit échapper à l’idéologie.

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