Le virus de l’oubli ?

Depuis son apparition, la Covid monopolise la plupart des conversations et des inquiétudes. Pour autant l’épidémie ne doit pas nous bâillonner ou nous faire oublier d’autres problématiques.

Je pense aux vagues (médiatisées) de suicides qui ont frappé notre Institution l’an dernier. Comment ne pas avoir une pensée pour Jean Willot disparu il y a 18 mois ou à Christine Renon et Laurent Gatier, morts il y a à peine un an ? Souvenez-vous, à l’époque, le Ministre, dans les médias, entendait changer les choses (avancées pour les directeurs d’école, communication régulière sur les suicides au niveau national…). Un an après, il n’y a eu aucun changement notable. La bienveillance et le souci de sécurité psychologique semblent s’être arrêtés aux élèves. La Covid n’a pas mis un terme aux suicides et aux burnout de nos collègues…le ministère non plus d’ailleurs.

Je pense aussi à la déconsidération et à l’infantilisation croissantes de nos professions. Entre la paupérisation de nos métiers (renforcée par la réforme des retraites mais aussi le gel (éternel) de notre point d’indice), la déferlante de « prof-bashing » et les réformes écrasantes (multiplication des charges et perte de sens de notre mission initiale), comment ne pas se sentir dévalorisé ? L’épidémie n’a pas gommé cet état…le ministère non plus d’ailleurs.

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Le mot du président : fatigue !

Si l’on devait tout résumer en un mot, c’est celui-là qui viendrait immédiatement à l’esprit. Ou plutôt, les autres mots qui viendraient à l’esprit ne seraient pas recevables pour figurer dans l’éditorial de la revue du SNALC.

Il y a la situation sanitaire et sa gestion, bien sûr. Où l’on entend ronronner que tout va bien dans nos écoles et nos établissements, que c’est l’endroit le plus sûr du pays, que les contaminations ont forcé-ment lieu ailleurs. Et puis, de toute façon, «l es enfants contaminent peu», n’est-ce pas ? Fatigue de devoir expliquer que ce n’est pas si simple, qu’un lycéen n’est plus un enfant et que d’ailleurs il est prouvé qu’il contamine, que la science est souvent lente et que son fonctionnement permet rarement d’aboutir aussi vite à des vérités définitives, y compris en primaire.

Il y a l’agenda social, sur lequel vous apprendrez tout dans notre dossier du mois. Fatigue de réexpliquer pour la quarantième fois des choses dont tout le monde autour de la table est parfaitement au courant, fatigue de se réunir pour faire des «diagnostics partagés», fatigue de voir qu’on a des trémolos dans la voix sur nos salaires depuis 2017 et qu’on s’en occupe concrètement en 2021. On va voir ce qu’il y a sur la table — la fameuse table où le ministre a posé tous ses observatoires et ses comités — et au pire on essaiera de piquer la table. On devrait en tirer un prix correct sur internet.

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Sur les terres de l’Éducation nationale l’épidémie de COVID n’existe pas !

C’était la bonne nouvelle de la rentrée : dans les établissements scolaires, la COVID n’était pas à craindre, du moins pour les enseignants : la rentrée fut donc « normale », et même « joyeuse » (comme l’a dit le Ministre) grâce à l’objet magique : le masque.

La communication autour du masque s’est révélée, en fait, une incroyable mascarade. Quand on n’avait pas de masques, en pleine épidémie, on les déclarait inutiles. En revanche, on insistait sur la distanciation sociale. Aujourd’hui, on a des masques mais comme la distanciation sociale est impossible dans un enseignement de masse, on la laisse tomber.

Le résultat est que les élèves sont brassés et re-brassés dans les couloirs des lycées, grâce à la réforme de M Blanquer, qui a supprimé les « classes » pour les remplacer par des groupes changeant en fonction de la matière. Les effectifs dans les classes qui subsistent sont bien sûr toujours à 36 élèves. Le pire est qu’on ne peut pas se servir des magnifiques salles de SVT puisqu’il n’y a presque plus d’élèves, qui ont choisi la SVT dans cette nouvelle réforme. Il faut donc s’entasser, les derniers élèves sont dos au mur et les premiers coincés contre le bureau du professeur. Et qui a pu ouvrir des fenêtres et aérer suffisamment ? Les fenêtres sont coincées, ne s’ouvrent plus ou s’ouvrent de l’intérieur (et donc contre la tête de l’élève).

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