Évaluer pour évaluer ?

La circulaire de rentrée 2022 a annoncé l’entrée de l’Éducation nationale dans l’ère de « la culture de l’évaluation». Des évaluations nationales sont maintenant expérimentées en CM1 et les écoles se retrouvent également sous l’obligation d’une évaluation d’école, qui dans sa démarche et ses dérives évidentes, est rejetée par le SNALC. 

Fin septembre 2022, une réunion du Comité consultatif du CEE (Conseil d’évaluation de l’école) s’est tenue pour travailler plus précisément sur… l’évaluation des évaluations ! 

Le CEE a établi une cartographie des types d’évaluations et émis des préconisations comme « concevoir des politiques d’évaluation à tous les niveaux », « élargir les domaines évalués par les évaluations standardisées », « diversifier les […] évaluations […] en respectant les principes d’équité et en les adaptant à l’inclusion scolaire », «renforcer la formation sur l’évaluation»… 

Où est la confiance accordée aux PE pour agir en tant que professionnels avertis ? À trop vouloir contrôler leur champ d’action, on leur refuse la reconnaissance d’un pan entier de leur professionnalisme. Avec une mainmise accrue de l’institution sur l’évaluation, quelle place sera laissée à l’expertise et à la liberté pédagogique du professeur ? Quelle est la finalité d’une “formation sur l’évaluation” ? Le PE n’a besoin d’aucune préconisation pour évaluer ses élèves, qu’il connaît mieux que personne car il les évalue déjà à chaque instant de la journée. Les PE doivent pouvoir choisir les formations pour lesquelles ils savent avoir des besoins et n’ont vraiment pas besoin d’un énième « plan » obligatoire ! Très à l’écoute des demandes en matière de politiques publiques, le CEE ne saurait bien évidemment se satisfaire de travailler sur l’évaluation des évaluations. Il souhaite maintenant faire entrer ce thème dans le débat public ! 

L’évaluation des élèves ne relève aucunement du débat public à moins qu’on ne souhaite, à terme, comparer les résultats des élèves et ainsi classer les écoles. En tout état de cause, les PE n’ont pas attendu les préconisations d’un Club d’Experts en Évaluation pour savoir comment évaluer leurs élèves