Le traitement des enseignants stagne depuis de très nombreuses années, et ils ont en conséquence subi un fort décrochage de leur pouvoir d’achat et un déclassement évident : alors qu’ils sont encore considérés comme des cadres de catégorie A, ils sont loin d’en avoir les salaires.
Ainsi, à qualifications égales, le rapport annuel 2018 sur l’Etat de la fonction publique indique que leurs rémunérations sont globalement inférieures de près de 1000€ par mois à celles des autres cadres de la fonction publique, notamment parce qu’ils touchent très peu de primes.
Une étude de l’INSEE publiée le 1/07 et consacrée aux salaires dans la fonction publique d’Etat signale ainsi, dans un paragraphe traitant des disparités salariales entre hommes et femmes, que « le salaire net moyen en EQTP des enseignants de catégorie A est inférieur de 25,8 % à celui de leurs homologues non enseignants », établissant un lien avec le fait que « les femmes représentent les deux tiers des enseignants (et même plus de 80 % des professeurs des écoles), qui sont, à catégorie donnée, moins rémunérés en moyenne que les autres salariés de la FPE. »
Parallèlement, alors que les enseignants français fournissent davantage de travail que la moyenne de leurs collègues de l’OCDE, leur rémunération est bien plus faible : d’après le rapport « Regard sur l’éducation 2018 », le coût salarial annuel des enseignants par élève en France est très nettement inférieur à la moyenne, et l’écart s’amplifie avec les réformes successives qui alourdissent constamment leur charge de travail.
La faible rémunération des enseignants en fera les grands perdants de la future réforme des retraites pilotée par Jean-Paul Delevoye si elle est appliquée sans compensation : ils perdront des centaines d’euros par mois par rapport au système actuel.
Le SNALC considère donc que les revendications salariales sont désormais une priorité pour les enseignants, pour leur pouvoir d’achat et leur future retraite. Et les premières réponses apportées par M. Blanquer sont loin d’être à la hauteur de leurs attentes légitimes, puisqu’il propose aux professeurs du second degré d’améliorer leur traitement en leur imposant de travailler davantage, alors même que les heures supplémentaires sont moins bien rémunérées que les heures de service.
Le SNALC demande donc que le traitement net des enseignants soit revalorisé à hauteur de la rémunération moyenne des cadres A de la fonction publique, ce qui implique :
– L’augmentation des indemnités de façon à ce que leur part atteigne 30% du traitement brut, comme dans le reste de la fonction publique au lieu des 10% actuels – cette augmentation est d’ailleurs indispensable pour l’équité des futures pensions, dont le montant devrait être aussi basé sur les primes.
– En conséquence, une augmentation substantielle de la part fixe de l’ISOE/ISAE, afin de l’aligner sur la prime purement statutaire que touchent les autres cadres de catégorie A.
– La modification du calcul de la rémunération des heures supplémentaires, avec majoration de 25% par rapport à l’heure de service normale et indexation sur l’échelon.
– La réfection des grilles indiciaires avec ajout d’échelons et large ouverture de l’accès à la classe exceptionnelle.
– Le dégel du point d’indice est bien sûr également indispensable pour mettre un terme à l’effondrement du pouvoir d’achat.