Le constat de départ
Si la remise en forme physique et psychologique et le lien avec l’éducation à la santé après une période de confinement sont ici mis en avant, il y a d’autres priorités moins glorieuses derrière les 2S2C. Le rôle crucial de l’école dans la survie de notre économie n’étant plus à démontrer, il fallait trouver dès le 2 juin 2020, phase 2 du déconfinement, un mode de garde complémentaire pour que les parents puissent retourner travailler, sans avoir à subir une scolarisation partielle de leurs enfants.
Car en effet, afin de respecter le protocole sanitaire, différents roulements de groupes d’élèves se sont mis en place, les élèves ne venant qu’à mi-temps ou tiers temps dans l’objectif de maintenir des effectifs réduits au sein de la salle de classe. Mais qui garderait les élèves le reste du temps ? Car personne ne peut travailler à temps partiel ou en distanciel selon l’envie ou la nécessité. Deux options s’offriraient aux parents : soit faire garder leurs enfants par la famille, soit avoir recours aux municipalités avec la mise en place des 2S2C.
Regardons de plus près quelques points de la note de la DGSECO présentant ce dispositif 2S2C, pour lequel 250 millions d’euros sont prévus afin d’assurer son financement. Elle précise que :
« Lorsque l’élève n’est pas sous la responsabilité de ses professeurs, il est donc possible de proposer des activités sur le temps scolaire qui se déroulent dans le prolongement des apprentissages et en complémentarité avec l’enseignement. »
Cela signifie que les activités sportives, artistiques ou citoyennes ne devraient pas être déconnectées de l’enseignement de la classe. Sauf que la classe n’a plus son visage d’avant le confinement. Certaines classes ou plutôt certains groupes d’élèves sont devenus multi-niveaux. Et dans le meilleur des cas, quand le professeur a encore effectivement sa classe par moitié ou tiers, devra-t-il s’assurer de la continuité pédagogique avec un animateur municipal ou un éducateur sportif, en se réunissant le soir, tout ceci en plus de ses heures d’enseignement, en plus de son 100% présentiel et de son enseignement distanciel pour les quelques élèves restés à la maison et pour ceux qui ne viendront que les jours de classe et pas les jours de 2S2C ?
Qui assurera l’encadrement de ces 2S2C ?
« Ces activités peuvent être assurées en priorité par des professeurs, avec des échanges de service ou en inter-degrés (école /collège). » Si le SNALC est rassuré par l’intention première d’avoir recours à du personnel enseignant, nous savons pertinemment que le nombre de professeurs sera insuffisant, même à la rentrée 2020, au regard de la baisse drastique du nombre de postes dans le second degré et en dépit des 1248 postes supplémentaires injectés dans le premier degré au moment de la pandémie.
Pour la culture, un « opérateur, artiste ou intervenant culturel » sera missionné pour intervenir. L’activité répondrait à la demande des enseignants…mais aussi de la collectivité, qui aurait, ne vous en déplaise, son mot à dire. Pour le sport, les « fédérations et clubs sportifs » assureront les activités en complément de l’EPS. Les professeurs des écoles devront-ils continuer leurs séances d’EPS, alors qu’il ne reste parfois que deux jours d’enseignement par semaine ? Quelle place laisserait-on alors aux apprentissages fondamentaux ?
Il est à craindre que le cadrage national s’étiole puisque « le niveau départemental est le niveau opérationnel pour l’élaboration et la signature de la convention. » Dans les faits, nous constatons déjà sur le terrain que les conventions qui devront être signées pour le recours aux 2S2C envisagent de faire appel à des intervenants d’associations diverses, d’équipements publics et de structures privées mais aussi à des étudiants, des jardiniers, des parents, des retraités ou des bénévoles. Néanmoins soyons rassurés : « les parties s’engagent à vérifier l’honorabilité des intervenants bénévoles, notamment par l’interrogation du fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV). » Honorabilité, très bien. Mais compétences ? Les élèves seront-ils confiés à des personnels n’ayant aucune qualification dans le domaine de la pédagogie ?
Le SNALC constate qu’avec une mise en place précipitée des 2S2C, les professeurs des écoles risquent d’être tenus à distance du versant décisionnel d’un dispositif qu’ils vont plus subir que choisir.
Nombreux sont ceux qui n’auront qu’une seule alternative : composer avec les activités proposées.