Sur les terres de l’Éducation nationale l’épidémie de COVID n’existe pas !

C’était la bonne nouvelle de la rentrée : dans les établissements scolaires, la COVID n’était pas à craindre, du moins pour les enseignants : la rentrée fut donc « normale », et même « joyeuse » (comme l’a dit le Ministre) grâce à l’objet magique : le masque.

La communication autour du masque s’est révélée, en fait, une incroyable mascarade. Quand on n’avait pas de masques, en pleine épidémie, on les déclarait inutiles. En revanche, on insistait sur la distanciation sociale. Aujourd’hui, on a des masques mais comme la distanciation sociale est impossible dans un enseignement de masse, on la laisse tomber.

Le résultat est que les élèves sont brassés et re-brassés dans les couloirs des lycées, grâce à la réforme de M Blanquer, qui a supprimé les « classes » pour les remplacer par des groupes changeant en fonction de la matière. Les effectifs dans les classes qui subsistent sont bien sûr toujours à 36 élèves. Le pire est qu’on ne peut pas se servir des magnifiques salles de SVT puisqu’il n’y a presque plus d’élèves, qui ont choisi la SVT dans cette nouvelle réforme. Il faut donc s’entasser, les derniers élèves sont dos au mur et les premiers coincés contre le bureau du professeur. Et qui a pu ouvrir des fenêtres et aérer suffisamment ? Les fenêtres sont coincées, ne s’ouvrent plus ou s’ouvrent de l’intérieur (et donc contre la tête de l’élève).

Pensons au dernier brassage efficace : celui de la cantine : des dizaines d’élèves attendent dans des couloirs étroits, toujours conçus pour des effectifs moindres.

Le petit bout de tissu qu’on se met tous sous le nez, souvent trop grand ou trop petit, arrivé une semaine après la rentrée pour le masque chirurgical type 2, remplace-t-il donc à lui seul la « distanciation sociale », la « désinfection » des salles, des poignées de porte, des écrans d’ordinateurs ?

Permet-il sans danger d’échanger des copies et de distribuer des documents, de faire des photocopies ?

Nous avons pu le croire. Nous le souhaitons maintenant de toutes nos forces car dans certains établissements, plus de 50% des agents, écrasés par les nouvelles consignes sanitaires, sont en maladie. Non seulement les salles ne sont pas désinfectées, mais elles ne sont pas même balayées !

Ce qui devait donc arriver arrive : d’après les médias, les clusters se sont développés particulièrement dans les amphis bondés, mais aussi les écoles, les collèges et les lycées. Et ce n’est qu’un début.

Qu’en est-il des enseignants eux-mêmes ? Beaucoup étaient des personnes « vulnérables » en mai dernier. Ils ont eu la surprise de ne plus l’être en septembre. ! Conjoints ou parents de personnes malades ou âgées, souffrant de pathologies diverses, chacun est bon pour le service ! A chaque question à l’administration, le collègue entend le mantra : « le masque vous protège, vous n’êtes pas un cas contact » ! Or, les enseignants vivent une situation véritablement schizophrène : sans cesse le protocole sanitaire dans l’EN est assoupli et, sans cesse le pays connait de nouvelles restrictions sanitaires. On ferme les restaurants, mais pas les cantines, les salles de sports mais pas les préaux. On interdit les fêtes familiales, pas les classes à 36. Le contraste est si cruel que les personnels ne se sentent plus des enseignants, mais des membres d’une Garderie Nationale qui doivent rester en poste quel qu’en soit le prix pour eux.

Et le prix est déjà élevé en matière de pénibilité du travail. Doit-on rappeler que gérer des élèves masqués dans certaines classes relève purement de la gageure ? Il faut d’abord se faire entendre d’eux, sans estrade puisqu’elles ont toutes disparu. Le professeur n’a d’autre choix que de forcer sa voix, toute la journée, dans un contexte déjà souvent bruyant. Le professeur Desuter, laryngologue à Bruxelles, prévoit de graves séquelles pour l’enseignant ( RTBF 10/09/2020 ) et une fatigue permanente, que nous expérimentons tous sur le terrain. Et comment connaître nos centaines d’élèves sous leur masque ? Comment leur fait répéter clairement les sons en langue étrangère (le professeur de langues se désespèrent !).

Bref, la rentrée n’a pas du tout été « joyeuse », mais alors pas du tout ! Bien au contraire, nos collègues oscillent entre accablement et rage tellement cette gestion est insultante pour leur sécurité et leur dignité. Ils voient bien que les administrations, les entreprises, elles, s’organisent pour protéger leurs salariés, et que l’espace public est réglementé.

Qu’en conclure ? La santé des personnels de l’EN n’est absolument pas un problème pour le Ministre, et par conséquent la réussite des élèves. Ou alors… la COVID a disparu des terres de l’EN !

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