Le SNALC, particulièrement attaché à l’enseignement des fondamentaux, se désespère de voir à quel point la priorité ne leur a pas été donnée ces dernières années. 4 000 élèves de CM1, et autant de 4ème, ont fait l’objet d’une étude approfondie pour évaluer le plus finement possible leur niveau en sciences et mathématiques au mois de mai 2019. Les résultats viennent de tomber en décembre 2020, et ils sont loin d’être bons. Nous sommes avant-derniers : seul le Chili est derrière nous…
En mathématiques, nous sombrons
Dans le domaine des mathématiques, la France recule encore dans le classement et est maintenant dernière au sein de l’Union Européenne en ce qui concerne le classement des CM1. Le score de la France est de 485 quand la moyenne européenne est de 527. Guère mieux, elle est avant-dernière pour le niveau de 4ème. On ne peut que se rendre à l’évidence : le niveau de la France en mathématiques est nettement sous la moyenne des pays occidentaux. Le classement TIMMS indique de surcroît que cette baisse se poursuit au collège. Globalement, nos élèves accusent une année de retard en termes de connaissances et d’acquisitions par rapport au niveau qu’ils avaient en 1995. Pour les CM1, le constat est moins lourd en géométrie.
Autre désillusion qui ne surprend pas le SNALC : la France ne compte plus beaucoup d’excellents élèves en mathématiques. Seuls 2% des élèves de 4ème ont un niveau élevé alors que la moyenne européenne s’élève à 11%. Pour rêver un peu, les élèves ayant un niveau excellent avoisinent les 50% en Corée du Sud. Cette baisse générale touche aussi les élèves à fortes lacunes : 15% des élèves français sont en-dessous du niveau le plus bas que répertorie l’enquête TIMMS alors qu’ils ne sont que 6% en moyenne pour les élèves européens. Ce sont des élèves qui n’ont même pas les connaissances de base.
Pourquoi le SNALC n’est-il pas surpris ? Simplement parce que la politique de l’école du socle n’est pas celle de l’école des cimes. A viser le plancher – et à s’en contenter – il ne faut pas espérer atteindre les étoiles. Et semble-t-il même, ne plus les viser, tant notre système a renoncé à le faire ces dernières années.
Et la formation dans tout ça ? Un nouvel espoir ?
Quelles peuvent être les causes de cet échec patent qui nous relègue à une position indigne au sein du classement international ? Certains s’aventurent à dire que les professeurs des écoles, pour majeure partie issus des filières littéraires, peinent à enseigner avec expertise les mathématiques. Cette assertion, bottant en touche et mettant encore une fois le poids de la culpabilité sur les épaules des enseignants, n’est pas acceptable. Devant les résultats en berne dans le domaine des mathématiques ces dernières années, le ministère a décidé de contrer le mauvais sort et de prendre les choses en main. Le plan mathématiques – la formation Villani-Torossian – est destiné à rénover la pratique de l’enseignement des mathématiques à partir de 2018. Ce ne sont pas moins de 40 000 professeurs des écoles qui ont bénéficié de cette formation.
Bénéficié… ou subi ? Car la formation, particulièrement contraignante, a obligé les volontaires désignés d’office à abandonner les autres formations, parfois pluriannuelles, dans lesquelles ils s’étaient investis pour embrasser la cause du Nombre. Bien trop souvent, les 18 heures de formation, intégralement dévolues aux mathématiques (vive le régime dissocié !), sont passées à 30 heures.
Mais de fait, les résultats de l’enquête TIMMS sont plus flatteurs en ce domaine. Le nombre de professeurs qui disent n’avoir reçu aucune formation continue en mathématiques a baissé de façon significative : ils étaient 53% à déplorer ce manque en 2015 et seulement 23% en 2019. La moyenne européenne étant de 28%, nous ne sommes pas trop mauvais dans ce domaine. Il faudra attendre que le réinvestissement se généralise car à ce jour, il n’y a aucun effet positif à ce chantier pharaonique de formation des enseignants sur les résultats des élèves. Persévérant, notre ministre admet que « le niveau de mathématiques est beaucoup trop faible en France » et assure qu’il poursuivra le renforcement de la formation continue des enseignants en mathématiques de façon soutenue. Hélas !
Ce n’est pas parce que les élèves sont mauvais en mathématiques qu’ils sont bons en Français.
Ils ne savent ni lire, ni écrire, ni raisonner, ni calculer… ça doit être voulu !