Si le contexte économique et social du moment nous impose une certaine discrétion en ce qui concerne nos salaires, pour le SNALC il est hors de question de passer sous silence le ras-le-bol d’une profession qui n’en peut plus de « louper le coche ».
Le Premier ministre l’a rappelé : si le coût de la fermeture des collèges et lycées n’est pas négligeable, celui des écoles maternelles et élémentaires aurait un impact financier dramatique pour la France, sans compter l’impact psychologique et social sur les enfants et leur famille.
Il s’agit là d’un aveu édifiant. L’école et ses professeurs qui étaient jusqu’alors indispensables à l’éducation des jeunes français, sont désormais, au même titre que les soignants (à un tout autre niveau bien évidemment) indispensables à la survie du pays ! Leur rôle se chiffrerait en milliards.
Cependant, on ne peut s’empêcher de penser à la réponse du président de la République et du Premier ministre au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, quand ce dernier demandait en août 2020 l’embauche de 3000 nouveaux enseignants. Messieurs Macron et Castex avaient alors répondu : « Ce sont des créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays » (Source : Le Canard Enchaîné du 26 août 2020).
On ne peut pas à la fois avancer l’indispensabilité des professeurs des écoles et continuer à leur manquer de reconnaissance. Il faut dire les choses clairement : la situation financière des enseignants comparativement au reste de la population active est catastrophique. Le passage régulier et automatique d’échelons masque la réalité aux professeurs, mais le fait est qu’entre 1980 et 2020, Bernard Schwengler, professeur de SES, évoque une baisse du salaire des enseignant de 28% (Salaires des enseignants. La chute, L’Harmattan). En cause, le gel du point d’indice et l’absence de primes compensatoires contrairement au reste de la fonction publique.
Concrètement, pour un enseignant qui aurait commencé dans les années 80, en se basant sur une échelle de salaires actuelle, cette perte progressive de salaire de 0 à 28% entraine au moment du départ à la retraite, un manque à gagner de plus de 200 000 € sur toute la carrière ! Certes il s’agit d’une estimation bien sûr, mais imaginez qu’un chèque de plus de 200 000 euros vous soit versé pour votre départ à la retraite !
Nous n’en demandons pas tant !
En attendant, la dette post-COVID ne cesse de croître, les aides financières ne cessent de tomber pour tous les secteurs. Loin de nous l’idée de dénoncer ces aides très certainement indispensables pour bon nombre de français. Seulement, nous aurons TOUS à payer dans les années à venir le prix de cet élan de générosité sociale (indispensable) de notre gouvernement. TOUS, y compris bon nombre d’enseignants qui fleurtent déjà avec la précarité.
Il ne fera pas bon être professeur dans les années à venir, en plus des responsabilités et des problèmes croissants rencontrés années après années. Les difficultés financières auront raison de notre profession. Et il ne faudra pas s’étonner que notre école publique disparaisse dans un futur proche.
Nos instituteurs d’antan incitaient leurs propres enfants à devenir enseignant, aujourd’hui quand nos enfants nous demandent conseil, nous leur répondons : « Ne deviens surtout pas prof ! ».
Alors arrêtons de faire croire que les enseignants vont être revalorisés quand seule une petite partie d’entre eux verra l’ombre d’un semblant d’une revalorisation temporaire sur leur déplorable fiche de paye. Pour le SNALC, La revalorisation salariale ne peut pas concerner uniquement les jeunes qui, quelques années plus tard, prendront conscience de la réalité et quitteront le métier.