« J’attends beaucoup de vous » écrivait Guizot en 1833. « Il n’y a pour ainsi dire point de vie privée pour vous : l’Etat vous demande plus que le tribut de votre intelligence et de vos connaissances, c’est l’homme tout entier qu’il réclame. » Mais en retour les enseignants « ne doivent espérer ni gloire ni fortune » et doivent se contenter de l’austère plaisir d’avoir servi leurs frères humains, car ils n’obtiendront « rien au-delà de leur obscure et laborieuse condition ».
C’était il y a 187 ans, et pourtant…
Pourtant rien n’a vraiment changé, ou plutôt sommes-nous revenus en arrière. Toute avancée sociale se voyant détricotée au fil du temps.
Pour autant, il est une réalité : les enseignants souffrent et se voient demander toujours plus sans aucune contrepartie…
L’Éducation nationale a du mal à recruter. Elle a du mal à recruter des professeurs des écoles à bac + 5, à qui on ne promet rien sinon un métier fort peu reconnu socialement et très mal payé.
Pour preuve, le colportage par des représentants de l’INSPE dépêchés dans les amphithéâtres de facultés pour démarcher presque à domicile et vendre leur produit. Essayant de provoquer chez certains étudiants en droit des vocations d’enseignement car seule la vocation peut encore recruter. Les salaires et la non-reconnaissance d’une profession mise à mal, eux, la tuent chaque jour.
Les enseignants souffrent quotidiennement, mais ne peuvent et ne veulent plus le faire en silence. Certains font de vains recours face à des injustices administratives, d’autres des burn-out, et ceux qui ne voient plus d’issue en meurent.
Pourtant, des professeurs essaient de prendre des distances en demandant des disponibilités ou des temps partiels, mais presque tous essuieront des refus.
L’Éducation nationale fait fi de la santé mentale de ses agents. Elle ne voit que des pions devant ces élèves sur lesquels elle » veille « , elle doit des comptes aux familles, elle est là pour eux… mais qui est là pour les enseignants ?
Pourtant, il faut « faire croire » que l’Institution agit pour ses agents. Alors on nomme un préposé aux Ressources Humaines, un seul et unique RH par DSDEN, qui est censé aider ceux qui vont mal.
On donne des rendez-vous avec des conseillers en mobilité de carrière et tout espoir renait alors. Mais rapidement on déchante. Ce dernier se retrouvant face à un enseignant à bout ne trouvera rien de mieux à lui conseiller que de rester enseignant, seul, face à ce métier qu’il ne supporte plus…
Certains vous diront qu’il faut démissionner… Alors ensuite, il faudra se battre pour obtenir une éventuelle indemnité de départ volontaire. Pour nous « faciliter » les choses, est instaurée depuis le 1er janvier 2020 la rupture conventionnelle. Mais attention, celle-ci entraîne la radiation, la perte de qualité de fonctionnaire. Vous voici sans rien, nu de votre vie de travailleur. Peut-être alors pourrez-vous bénéficier de l’allocation chômage – encore faudra-t-il remplir les conditions d’attribution- et si vous veniez à être recruté à nouveau dans la fonction publique dans les 6 ans qui suivraient la rupture… et bien il vous faudrait rembourser l’indemnité versée. Et puis il y a une condition : l’accord des deux parties. Et pour peu que votre employeur ne veuille pas vous laisser partir…
Mais démissionner ? Démissionner d’un emploi après lequel nous savons pertinemment qu’il n’y aura rien ! Que proposer à un enseignant ayant obtenu un master éducation ou ayant professé toute sa vie ? Que lui proposer d’autre qu’enseigner… encore ?…
Enfin ! Vous trouverez sur votre Esterel une icône » plate-forme de gestion de rendez-vous RH » … Hum, c’est embarrassant, nous ne parvenons pas à trouver ce site…