Archives de catégorie : Carrière

Reconversion : rêve impossible ou sauve-qui-peut désabusé ?

La rentrée 2023 a eu une saveur amère pour beaucoup d’enseignants. La réforme des retraites et le pacte dénoncés par le SNALC viennent dégrader les conditions de travail et ont entamé le moral des équipes. Dans ce contexte, certains professeurs des écoles se résignent à trouver une solution individuelle à ce mal-être collectif : la reconversion.

L’état des lieux de la dégradation des conditions de travail des PE a déjà fait l’objet de nombreuses alertes relayées par le SNALC : l’accroissement de la charge de travail dont même la Cour des Comptes dénonce l’effet sclérosant sur le système éducatif dans son dernier rapport, les inclusions sans moyens suffisants, les rapports de plus en plus conflictuels avec les familles…

Résignés, certains finissent par chercher une porte de sortie vers d’autres horizons professionnels. La voie de la reconversion est pourtant un parcours du combattant pour qui commence à s’y intéresser. A l’heure où la mobilité au sein de la fonction publique est encouragée, les enseignants sont une fois de plus laissés sur le banc de touche. Plusieurs dispositifs permettant de préparer une évolution professionnelle existent mais ils sont largement sous-utilisés car méconnus.

Les PE qui veulent emprunter la voie de la reconversion se heurtent à l’incompréhension des collègues et de la hiérarchie. Ils éprouvent une culpabilité de devoir se résigner à quitter un système éducatif défaillant faute de ne pouvoir le sauver. Beaucoup se sentent d’ailleurs incapables de changer d’emploi par manque de compétences professionnelles. En réalité, les exigences multiples de l’institution forgent des professionnels polyvalents. Mais l’Éducation nationale a tout intérêt à garder ses « bons petits soldats », prêts à travailler dans de si mauvaises conditions de travail pour si peu de reconnaissance… Le mépris institutionnel a fini par s’imprégner durablement dans l’esprit des PE. Il est grand temps qu’ils relèvent la tête et réalisent qu’ils sont des professionnels compétents, motivés et ingénieux !

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Classe exceptionnelle : les règles changent

Lors des CSA ministériels des 7 novembre et 21 novembre 2023, le SNALC a voté contre la nouvelle mouture des Lignes Directrices de Gestion (LDG) relatives à la carrière. En effet, les nouvelles modalités pour accéder à la classe exceptionnelle sont inadmissibles.

A partir de la campagne 2024, il y aura promouvabilité à la classe exceptionnelle à partir du 5ème échelon de la hors classe. Les deux viviers (fonctions et parcours) disparaissent et cela signifie que les collègues qui étaient promouvables au titre des fonctions en 2023 aux échelons 3 et 4 de la hors classe ne le seront plus en 2024, s’ils n’ont pas atteint l’échelon 5 au 31 août 2024.

Ce sera désormais l’IEN qui émettra un avis (et non plus une appréciation littérale). Trois avis seront possibles : Très favorable, Favorable, Défavorable. Les avis seront portés à la connaissance des intéressés et seuls les avis Très favorable et Défavorable devront être motivés. Chaque avis tiendra compte de l’ensemble de la carrière (« l’implication en faveur de la réussite des élèves, l’engagement dans la vie de l’établissement, la richesse et la diversité du parcours professionnel font notamment partie des critères d’examen ») et s’appuiera éventuellement sur le CV I-Prof. Les LDG stipulent que « les avis Très favorables sont reconduits annuellement, sauf exception motivée ». En revanche, les avis Favorable et Défavorable seront annuels et révisables chaque année.

Dans un second temps, le DASEN sélectionnera parmi les avis Très favorable (et Favorable si besoin) pour établir le tableau d’avancement. Il y aura quatre critères permettant de départager les PE à valeur professionnelle égale : l’ancienneté dans le corps, l’ancienneté dans le grade, l’échelon, puis l’ancienneté dans l’échelon.

Au final, il n’y a plus aucun barème national, plus aucune transparence, ni aucune garantie de promotion. Le SNALC dénonce ces nouvelles modalités : elles laissent la porte ouverte à une absence totale d’objectivité dans le choix des critères de mérite et favoriseront à coup sûr les pressions hiérarchiques et le népotisme, alors que tout PE doit pouvoir se dire que la classe exceptionnelle est une perspective.

Pour le SNALC, n’est pas moins méritant un professeur des écoles qui a fait le choix délibéré de travailler consciencieusement dans sa classe pendant toute sa carrière. L’implication « en faveur de la réussite des élèves » se mesure et se joue d’abord et justement avant tout dans la classe.

La diffamation, pas si simple

De plus en plus, les enseignants sont victimes de propos déplacés, désobligeants voire insultants. Avec le développement des réseaux sociaux, des messageries collectives et des groupes privés de parents sur les réseaux, on découvre parfois des propos inacceptables.

Il faut cependant distinguer insulte et diffamation. L’insulte est un propos injurieux, ordurier, mais qui ne peut pas se vérifier. La diffamation, qui peut être publique ou non publique, consiste en l’affirmation d’un fait qui vise à porter atteinte à la réputation ou à la dignité de la personne, fait que l’on pourra vérifier pour démontrer qu’il est faux et vise à nuire.

Par exemple, dire d’un collègue qu’il est un imbécile est évidemment une insulte. Dire qu’il est ne fiche rien est une diffamation. Le collègue visé peut démontrer la réalité de son travail, non seulement matériellement mais également avec le regard extérieur de l’IEN et le contrôle de son travail (préparations, corrections, affichages, projets, etc.). La diffamation existe également si la personne n’est pas nommée mais identifiable (caractère physique ne laissant pas de doute, niveau de classe, etc.).

L’autre distinction d’importance concerne la distinction entre diffamation publique et non publique. Une diffamation non publique a lieu dans un cadre privé ou restreint alors qu’une diffamation publique est visible ou lisible par tous ou presque. À cet égard, sur les réseaux sociaux, c’est le paramétrage du compte émetteur, selon qu’il est public ou restreint, qui permet de définir si la diffamation est publique ou privée. Ainsi, les groupes fermés de type groupes de classe, WhatsApp de parents ou groupes fermés sur Facebook relèveront normalement de la diffamation non publique, sauf si le groupe est très grand ou facilement accessible.

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