Archives de catégorie : Carrière

Rémunération des enseignants : toujours plus proche du smic

Le traitement des enseignants se rapproche de manière continue du SMIC, qui est revalorisé bien plus régulièrement et au-delà de l’inflation.

Actuellement, le traitement brut d’un pro­fesseur des écoles ou certifié stagiaire (master 2) est d’à peine plus de 1,1 fois supérieur au SMIC. Un an après, il est encore de moins de 1,3 fois supérieur au SMIC. Sans véritable mesure de revalori­sation, les enseignants débutants seront rémunérés au SMIC dans une vingtaine d’années.

Pire, les deux tranches dégressives de la prime d’attractivité (Grenelle), concentrées sur les débuts de carrières, ont aplati la courbe des rémunérations : non seule­ ment les enseignants ne commencent pas avec 2000€ net par mois, mais ce n’est qu’après 8 ans et demi de carrière, à l’échelon 6, que les PE et les certifiés atteignent tout juste cette rémunération avant impôt sur le revenu (avant la hausse du point d’indice au 1/07, il fallait jusque- là attendre l’échelon 7 après 11 ans et demi de carrière !).

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Projet de loi de finances : des chiffres qui se déchiffrent

Le SNALC a pris connaissance de la communication faite par le ministère de l’Éducation nationale sur le projet de loi de finances (PLF) 2023. Ce dernier propose au grand public et aux médias des chiffres faciles à retenir et qui paraissent impressionnants, mais qui demandent trop souvent à être décryptés.

Ainsi, quand on lit que la « revalorisation financière » correspondra à « 10 % d’augmentation en moyenne des rémunérations », il est à peu près certain que ce ne sera pas le cas, sauf à trafiquer la moyenne. Si la part consacrée à la hausse sans contrepartie de la rémunération est réellement plus importante que sous le ministre précédent, elle ne s’appliquera qu’à partir de septembre prochain, ce qui laisse le temps à l’inflation de continuer son travail en termes de perte de pouvoir d’achat sur les 12 prochains mois. Le SNALC attire l’attention sur le fait que les secondes parties de carrière risquent une fois encore de se retrouver du mauvais côté de la moyenne, et que les stagiaires sont explicitement exclus de la promesse des 2000€ dans le document, ce qui est choquant. Le SNALC demande un rattrapage salarial fondé sur une loi de programmation pluriannuelle.

Sur le pacte invitant à travailler plus pour gagner plus et qui ne constitue toujours pas une revalorisation, dire que l’augmentation totale « pourra atteindre 20 % en moyenne pour les enseignants volontaires » n’a aucun sens. Le SNALC continue de demander que l’enveloppe prévue pour le pacte, ainsi que celle (qui a fondu) du fonds d’innovation, soient reversées dans la part inconditionnelle. Il en va de même pour le financement du Service National Universel (SNU) : cet argent serait bien mieux employé à améliorer l’attractivité de nos métiers.

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Enseignement : la judiciarisation des relations

La cellule juridique du SNALC traite chaque année davantage de dossiers de litiges : le phénomène traduit une dégradation croissante des relations professionnelles dans l’enseignement.

Les relations se tendent avec les élèves et leurs parents. Aujourd’hui, une remarque, un geste, une note, mais aussi des contenus d’enseignement ou des méthodes d’apprentissage, jugés déplacés ou inopportuns, sont des sources d’incrimination des professeurs.

La politique du « pas de vagues », opérante depuis des années, casse le soutien et la défense qui, dans ces situations, leur sont pourtant dues par leur administration. Cette dernière préfère souvent minimiser les faits ou feindre de ne rien voir pour ne pas avoir à remplir sa mission de protection.

Ainsi exposés aux critiques pouvant aller jusqu’à des dépôts abusifs de plaintes, de la diffamation, des menaces voire des agressions verbales, matérielles ou physiques, les enseignants isolés se voient contraints de se tourner vers la Justice pour faire face à ces infractions. Les relations ne sont pas bonnes non plus avec la hiérarchie. La gestion familiale et bon enfant par d’ex-pairs a été progressivement remplacée par une gouvernance managériale plus agressive, individualisante et coercitive. Les pouvoirs des chefs d’établissement mais aussi des DASEN et des recteurs ont été renforcés tout comme leurs objectifs de rentabilité. Toujours faire plus avec moins a contribué à mettre le système sous tension. Les cas de harcèlement, aboutissements de pressions excessives, ainsi que les excès de pouvoir visant à imposer des obligations au-delà des règlements ou à rogner l’exercice de certains droits, sont des motifs de contentieux de plus en plus fréquentes.

Enfin la loi de 2019 de transformation de la fonction publique avec la suppression des CAP en matière de mobilité, d’avancement et de promotion, a substitué à la transparence du dialogue collectif, l’opacité des décisions et des recours administratifs et juridiques individuels accentuant plus encore cette judiciarisation.

Un tel phénomène ne peut qu’accroître la défiance à l’égard du système et contribuer à la crise structurelle du recrutement.