Archives de catégorie : Ecole

Rapport sur l’éducation prioritaire : la cour des comptes réinvente la roue

Ce qui est pratique avec les chiffres, c’est qu’on peut leur faire dire tout et son contraire en choisissant bien les données. Dans un récent rapport publié en mai 2025, la Cour des comptes propose des pistes pour réformer l’éducation prioritaire (EP) ; elles ont retenu l’attention du SNALC.

Pour comprendre ce rapport, dont l’ambition est de repenser la politique publique de l’éducation prioritaire, il convient tout d’abord de s’intéresser à la méthode d’analyse et aux données utilisées. Alors que l’on s’attend à un large échantillonnage, seuls 3 départements ont fait l’objet de l’étude et pour chacun d’eux, le rapport précise qu’« il a été possible de visiter jusqu’à 5 établissements de la maternelle au collège »

Ce document établit des constats partagés par le SNALC. Il expose l’essoufflement de la formation continue en EP dont le nombre de participants s’est effondré entre 2018-2019 et 2022-2023, passant de 70 000 à 25 000. Il pointe le problème de récolte de données et l’instabilité politique qui ont empêché la nécessaire refonte de la carte de l’éducation prioritaire, laissant de côté des écoles dites « orphelines » qui devraient bénéficier du classement en EP. Enfin, il suggère l’allocation progressive de moyens afin de sortir d’une logique binaire (EP et hors EP) et d’appliquer le principe d’équité exigé par le Code de l’éducation pour toutes les écoles.

Certaines réflexions inquiètent davantage. La Cour dresse un bilan sévère du dédoublement des classes de cycle 2 en se basant sur les résultats des évaluations de 6e.  Or, compte tenu du calendrier de déploiement du dispositif, seuls les résultats d’une ou deux cohortes ont pu être étudiés. Par ailleurs, la baisse constatée ne pourrait-elle pas s’expliquer par les effectifs chargés des classes de cycle 3 qui annuleraient les bénéfices du dispositif ?

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Plus un radis pour la pédagogie ?

Le professeur des écoles se distingue par son implication matérielle au service de sa pratique professionnelle. Malheureusement, comme le veut l’adage, « le mieux est l’ennemi du bien ». Le SNALC explique pourquoi il faut bannir cette pratique, quitte à renoncer à certains projets.

Exploration de vide-greniers à la recherche d’un jeu de société pour la classe, séance de shopping pour mener à bien un projet, aménagement d’un coin jeu pour la salle de classe avec son propre matériel… Les occasions de dépenser son temps et ses deniers personnels ne manquent pas pour les professeurs des écoles. Parfois, ils se font rembourser par la coopérative scolaire (dont le fonctionnement archaïque bien qu’indispensable mériterait d’être questionné), mais c’est loin d’être systématique. Le budget ainsi consacré à la pratique professionnelle peut vite devenir conséquent si l’on inclut les frais liés aux déplacements occasionnés.

Dans quelle autre profession, un salarié accepterait-il d’investir autant sur sa trésorerie et son temps personnel pour combler la déficience de moyens ? Imagine-t-on d’autres professionnels aller chercher du matériel sur leur temps libre en utilisant leur véhicule et leur argent ? C’est pourtant ce que font nombre de PE consciencieux et désireux de donner du sens à leur pédagogie.

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Le manège effrayant d’une école en crise

L’École semble coincée dans les rouages d’une tourmente politique qui, tel un carrousel infernal, tourne inlassablement…  Sa musique, d’abord familière, est devenue aujourd’hui assourdissante, oppressante, presque effrayante : celle d’un manège qui emporte les espoirs et épuise les énergies. Ce cycle infernal donne le tournis et occulte l’urgence d’une situation pourtant critique. Pendant que les responsables politiques se disputent les projecteurs, la société reste en suspens. Mais la réalité de l’École, elle, continue inexorablement de se dégrader. Les problèmes s’accumulent, les incohérences aussi. Rien ne va plus. Les relations, de plus en plus conflictuelles avec les parents, en témoignent. Ces derniers ont perdu confiance — et pour cause : une grande partie des professeurs des écoles également.

Depuis des années, comme si l’instabilité était devenue la norme, les professeurs des écoles sont ballotés au gré des vents politiques, sans jamais savoir si les réformes de la veille seront encore valables le lendemain. Ainsi, une fois de plus, dès septembre, à peine les cartables ouverts pour la rentrée, la menace d’une dissolution politique planait déjà, ajoutant une nouvelle incertitude à un quotidien déjà fragile. Et c’est le retour des mêmes rengaines et de la même petite musique : durée des vacances infiniment trop longues ou semaine de 4 jours tellement dévastatrice…

Après quelques semaines de classe, les professeurs des écoles ressentent donc déjà un sentiment d’épuisement, las d’un métier devenu trop éprouvant.

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