Une formation initiale et continue laissant peu de marge de liberté
Les pilotages académiques et départementaux se concentreront sur l’enseignement des fondamentaux : langage, connaissance du nombre, développement affectif et social du jeune enfant en maternelle, français et mathématiques pour l’élémentaire. Le SNALC accueille favorablement la priorité mise sur les fondamentaux, son cheval de bataille. Pour autant, nous ne pouvons ignorer le risque d’une dérive de contrôle intrusif dans la classe : « Les organisations pédagogiques propres à favoriser le développement et la consolidation des compétences des élèves sont recherchées (…). Elles font l’objet de formations et d’accompagnements au cœur de la classe par les équipes de circonscription sous la responsabilité des inspecteurs de l’éducation nationale. »
Des guides-ressources accompagneront l’enseignement du vocabulaire et de la phonologie à l’école maternelle, des mathématiques au CP, de la lecture et de l’écriture au CE1, et de la grammaire et les langues vivantes étrangères. Ces guides seront présentés lors des animations pédagogiques.
Les néo-titulaires en maternelle (T1-T2-T3) ou les nouvellement nommés en maternelle devraient être spécifiquement formés à la maternelle, avec une attention particulière portée sur les connaissances en matière de vocabulaire, à la syntaxe et au lexique.
L’école maternelle en point de mire
Parce que « la « dimension affective » et la « préparation aux apprentissages scolaires » sont les deux éléments essentiels d’une école maternelle dans laquelle l’enfant prend plaisir à apprendre et progresse. », parents et communauté éducative doivent travailler de pair et « se soutenir mutuellement. »
L’accent est mis sur l’accueil des parents et la qualité de celui-ci. Il doit être conçu comme une « action pédagogique de première importance ». Ardent défenseur de l’école maternelle et de ses missions, le SNALC salue la mention des ATSEM comme « figures d’attachement importantes pour les élèves » et continuera de légitimement réclamer la présence d’une ATSEM par classe sur tout le territoire. D’autant plus que la circulaire précise que les ATSEM participent activement à la sécurité matérielle et affective des élèves. A ce titre, des formations communes associant professeurs et ATSEM seront encouragées dans tous les départements, en lien avec les collectivités territoriales.
En ce qui concerne les programmes, conscience phonologique et connaissance du nom et du son des lettres feront désormais l’objet d’un travail régulier et progressif dès la petite section. Le vocabulaire, bénéficiera de « temps spécifiquement dédiés au développement des compétences communicationnelles (écoute attentive, volonté d’être compris, attention partagée, mémoire, expression) et des compétences linguistiques (précision des mots et organisation des phrases).
« Des aménagements d’emploi du temps peuvent être autorisés quand les plus jeunes enfants ont encore besoin de dormir l’après-midi. » Le SNALC espère que la pression pour de bons résultats aux évaluations CP et le manque de places dans les dortoirs ne pousseront pas les IEN à interdire d’accorder un temps de sieste aux Moyens et aux Grands qui en auraient encore besoin.
Attendus par année et évaluations
Les priorités ciblées d’enseignement résultent des évaluations de 2018-2019.
Les recommandations du BO du 26 avril 2018 restent d’actualité. L’enseignement de la lecture et de l’écriture implique un travail quotidien d’au moins deux heures (CP), la lecture à haute voix est plébiscitée. Des emplois du temps affichant clairement et garantissant « rythme, intensité, régularité des apprentissages » sont attendus. Les attendus d’enseignement apparaissent clairement par niveau de classe, ce qui va dans le sens des programmes annuels préconisés par le SNALC.
« Dans un souci d’amélioration continue, les modalités de passation des évaluations et de saisie des résultats ont fait l’objet de modifications substantielles pour faciliter leur mise en œuvre à la rentrée scolaire 2019. Les tests proposés ont été choisis parmi ceux qui permettent de repérer le mieux les éventuels obstacles à la réussite des élèves… »
Les évaluations font désormais partie intégrante de l’accompagnement individualisé des élèves. Le SNALC reste favorable à ces évaluations, qui renforcent l’idée de repère national et de repères annuels pour les programmes. Mais, lors de sa rencontre avec la DEPP le 31 mai 2019, il n’a pas manqué de souligner le besoin de documents plus lisibles et exploitables, notamment afin de faciliter ensuite la restitution des résultats aux parents.
Le calendrier est déjà posé : passations du 16 au 28 septembre 2019, saisies du 16 septembre au 11 octobre.
Dédoublements et 24 élèves par classe en GS, CP et CE1
Le dédoublement des CP et CE1 d’éducation prioritaire doit être poursuivi : « La première évaluation de ce dispositif réalisée par la Depp a montré des résultats encourageants en termes de réduction de la difficulté scolaire par rapport aux écoles hors de l’éducation prioritaire. »
Si au départ le nombre maximum de 24 élèves par classe a été présenté comme objectif à atteindre d’ici la fin du quinquennat, la circulaire précise néanmoins que « Dès cette rentrée, là où c’est possible, ces mesures seront engagées sans tarder. Elles s’accompliront pleinement au cours des rentrées 2020 et 2021. » A cela s’ajoute le dédoublement des classes de GS de l’éducation prioritaire. Le SNALC relève surtout le « là où c’est possible » et se demande où cela le sera. Le recrutement massif de professeurs n’étant pas à l’ordre du jour, on peut aisément deviner que les doubles niveaux seront une possibilité fortement recommandée.
Une école plus inclusive
Les PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisé) font leur apparition et sont mis en place au niveau des circonscriptions pour répondre plus rapidement au besoin d’accompagnement des élèves en situation de handicap. Le SNALC rajoute que pour répondre rapidement à ce besoin d’accompagnement, la mutualisation des AESH tendra à se généraliser et répondra ainsi à deux obligations : combler les difficultés de recrutement des AESH et ne pas se retrouver avec plus de 3 AESH dans la même classe. La plateforme Cap École inclusive est créée pour répondre aux besoins des professeurs en leur proposant « des ressources pédagogiques, immédiatement utilisables en classe ». Le SNALC attend de voir sa mise en œuvre et ses effets.
Une confiance qui manque de crédibilité
La circulaire de rentrée 2019 confirme une volonté de réaffirmer et installer durablement un enseignement explicite et structuré des fondamentaux. Le SNALC ne peut que s’en réjouir. Toutefois, la méthode évoquée, conduisant à venir observer dans les classes si les bonnes pratiques sont à l’œuvre, laisse perplexe quant à la liberté pédagogique prétendument respectée. Les termes de confiance, synergie, coopération, respect, bien-être et bienveillance se retrouvent dilués par-ci par-là dans cette circulaire. Cette confiance sous surveillance, qui formate et qui cadre plus qu’elle encadre, n’apaise en rien le climat scolaire actuel, oscillant entre colère et morosité, qui concerne aussi bien les élèves que les professeurs.