Comité de suivi de l’école inclusive : à l’entendre, tout baigne

Un an après la restitution du premier comité de suivi de l’école inclusive, nous vous livrons aujourd’hui l’analyse du troisième rapport produit par ce groupe de travail.
À la lecture de ce document, nous nous demandons si les experts missionnés sont complètement aveuglés par leur méconnaissance du terrain ou s’ils sont hypocrites au plus haut point.
À vous de juger.

Encore une fois, les AESH, pourtant experts de l’école inclusive, brillent par leur absence :

  • aucun AESH ne siège parmi les 55 membres de la commission ;
  • sur les 28 pages du rapport, une page et demie seulement fait mention des AESH.

Venons-en à l’analyse de ce document qui chante les louanges de l’action gouvernementale.

L’augmentation des élèves en situation de handicap scolarisés

Le Comité se félicite d’une augmentation de 18% des élèves accompagnés. Pour cette année, 8000 AESH ont été recrutés. On arrive donc à une moyenne de 4,25 élèves accompagnés pour ces nouveaux AESH. C’est trop. De (trop) rares départements limitent à trois le nombre d’élèves par accompagnant mais il n’y a aucune limite légale et on retrouve souvent les AESH dans des situations extrêmes.

Les SESSAD et les établissements médico-sociaux

Il est noté que le nombre d’élèves suivis par les SESSAD est en augmentation constante.

Mettons en regard cette augmentation (+1444 accompagnements) avec celle du nombre d’élèves accompagnés par un AESH (+34000) et le transfert dans « l’ordinaire » d’enfants accueillis précédemment dans les EMS (- 2710 élèves).
Finalement, ces chiffres du rapport démontrent que les AESH doivent accompagner davantage d’élèves, avec des handicaps plus lourds et sans l’aide des SESSAD, en sous-effectifs.

Les équipes mobiles d’appui médico-social

Au vu des chiffres édifiants des SESSAD, le SNALC sera très vigilant quant aux modalités de généralisation de ces équipes qui doivent « mettre leurs compétences à la disposition de la communauté éducative en cas de difficultés […] afin de prévenir des ruptures de parcours ».

Si l’intention est louable, on n’a aucune visibilité sur le nombre d’établissements qui dépendront d’une même EMAMS ni sur les délais d’intervention de ces équipes. De plus, l’AESH pourra-t-il contacter lui-même l’EMAMS ?

Les PIAL

Le ministère réitère ici sa volonté de généraliser les PIAL pour la rentrée 2021.
Or, les PIAL ont fait leurs (tristes) preuves. Ils n’ont pas amélioré la prise en charge des élèves et ont détérioré les conditions de travail et d’affectations des AESH.

Visiblement, les membres de ce Comité de suivi n’ont jamais pris le temps de discuter avec un AESH en PIAL. Dans le rapport, les compliments sur ce dispositif pleuvent, alors que partout sur le territoire le SNALC accompagne des collègues dans des situations déplorables.

Le livret de parcours inclusif

Ce livret est censé rassembler sur un seul support numérique les différentes aides dont bénéficie l’élève.

Nous pensons au SNALC que ce livret pourra être utile aux AESH. Sauf que… on nous en parle depuis 2019 et qu’il ne sera pleinement opérationnel qu’en septembre 2022 ! Nous sommes conscients qu’il y a des contraintes techniques mais, ne serait-ce pas un peu long ?

Des accompagnants, mieux formés, mieux recrutés et mieux intégrés

Ce paragraphe traite exclusivement de la situation des AESH. Le niveau d’hypocrisie est tel que nous vous le livrons tel quel, agrémenté de nos commentaires :

  • Désormais tous les AESH ont un statut pérenne et reconnu avec un contrat à durée déterminée de trois ans minimum renouvelable une fois, et aux termes de ces 6 ans, un contrat à durée indéterminée peut leur être offert. »

6 ans pour obtenir un CDI ? Aucune prise en compte des années en contrat aidé ? De qui se moque-t-on ? D’après notre enquête de rentrée à laquelle vous avez largement répondu, seulement ¼ d’entre vous est en CDI. Le SNALC se bat pour que l’accès rapide au CDI devienne une réalité pour les AESH.

  • « Ils ont un interlocuteur dédié dans les services départementaux de l’École inclusive. »

C’est vrai. Encore faut-il que les AESH le sachent… et que l’interlocuteur en question réponde à leurs sollicitations ! Le SNALC en sait quelque chose puisque ce sont ses délégués qui interviennent afin que vous obteniez des réponses à vos questions.

  • « Ils sont reconnus par toute la communauté éducative en qualité de professionnels de l’accompagnement. Ils sont accueillis par le directeur d’école ou le chef d’établissement lors de leur première affectation. »

D’après notre enquête, 27% d’entre vous n’ont pas été présentés à l’équipe éducative. Difficile de voir l’intégration réussie annoncée par le ministère…

  • « Ils participent à l’entretien entre la famille et l’enseignant de l’élève et aux équipes de suivi de la scolarisation (ESS). »

48% des AESH ayant répondu à notre questionnaire n’ont pas rencontré les familles et 61% n’ont pas accès aux documents utiles à l’accompagnement. Là encore, nous sommes très loin de la réussite annoncée.

  • « Ils reçoivent l’aide de pairs experts, les AESH « référents », chargés de leur fournir un appui.(…) Le décret n° 2020-1287 du 23 octobre 2020 porte création d’une l’indemnité de fonctions particulières rattachée à cette fonction et l’arrêté du 23 octobre 2020 en fixe de le montant à 600 euros bruts annuels. »

24% seulement des AESH sondés affirment avoir connaissance d’un AESH référent dans leur département. 8% (!) connaissent la procédure pour saisir ce référent.
Quant à l’indemnité de 600 € bruts annuels pour les AESH référents, elle est beaucoup trop faible et à des années-lumière de ce qu’il serait décent d’attribuer à ces personnels.

  • « Ils bénéficient d’une formation obligatoire de 60 heures dès le début de leur contrat d’accompagnant. Ils ont accès aux formations inscrites aux plans départementaux et académiques de formation. »

Mais ces formations sont-elles à la hauteur ? Pertinentes ? 38% des AESH sondés donnent comme motif de démission, une formation insuffisante ou inappropriée !

  • « Les évolutions sont là. »

NON. Les évolutions ne sont pas là.

Le comité consultatif des AESH

Le rapport annonce : « Une réflexion sur le temps de travail et la rémunération a été conduite. »

Le SNALC a été consulté, mais les réunions conclusives sont sans cesse reportées depuis le printemps ; nous avons d’ailleurs écrit au ministre à ce sujet. Si la situation sanitaire n’aide pas, elle n’a pas empêché la tenue de concertations pour d’autres personnels.

Quand est-ce que le ministère daignera s’occuper réellement de la (re)valorisation des personnels les plus mal payés de sa juridiction ?
Les belles annonces et les rapports policés ne suffisent plus : les AESH ont besoin que leurs conditions de travail soient réellement améliorées et leur travail récompensé financièrement.
N’oublions pas que le SMIC sera de nouveau revalorisé en janvier et qu’automatiquement la grille de rémunération des AESH sera une fois de plus « écrasée » !

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