Cet article prend place dans un contexte particulier et les collègues concernés s’y retrouveront sans doute. Si les situations conflictuelles rencontrées par les professeurs touchent aussi bien le premier que le second degré, les particularités de l’école élémentaire en favorisent davantage encore les occurrences.
DES SPÉCIFICITÉS PROPRES À L’ÉCOLE PRIMAIRE
Les pressions exercées par les municipalités, certains inspecteurs et l’institution en général créent de nombreuses tensions au sein des écoles. De plus, le bas âge des enfants, les difficultés de ces derniers à exprimer ce qu’ils ressentent sont inexorablement propices aux interprétations. Enfin, la promiscuité avec les collègues, des relations potentiellement compliquées avec des élèves, des parents ou même l’IEN, tout cela peut mettre le feu aux poudres. Il n’est ainsi pas rare que le directeur soit obligé d’éteindre le feu, à condition qu’il n’en soit pas lui-même à l’origine.
La question dès lors est de savoir où se trouve la vérité, afin qu’une réelle situation dangereuse pour les élèves soit détectée et punie, sans pour autant que des collègues soient cloués au pilori à tort.
QUELLES PRÉCAUTIONS PRENDRE ? QUEL RÉFLEXE AVOIR POUR ÉVITER QUE LES CHOSES NE S’ENVENIMENT ? QUELLE RÉACTION ADOPTER QUAND TOUT SEMBLE HORS DE CONTRÔLE ?
AVEC LES ÉLÈVES
Le début d’année en classe est décisif pour éviter les situations difficiles. Il est nécessaire de marquer, dès le jour de la rentrée, une certaine autorité avec les élèves. Même si leur âge pourrait le justifier, il est préférable d’éviter le copinage, la bise du matin, voire le tutoiement du professeur à partir de l’élémentaire.
Si les choses sont mal parties, dialoguer avec les élèves dans le calme et la sérénité et transformer les rapports difficiles en leçons pour tous sont de bonnes solutions. Ne jamais perdre de vue que l’enseignant doit rester le maître du débat et des décisions. L’inspecteur et les conseillers pédagogiques peuvent être d’un grand secours.
AVEC LES PARENTS
L’autorité des parents, qui s’est construite depuis le plus jeune âge avec plus ou moins de réussite, se voit confrontée en début de scolarité à une autre autorité, celle de l’école, imposée par les professeurs au sein de la classe. Certains parents, pourtant demandeurs d’une école disciplinée, n’acceptent pas toujours cette autorité parallèle de l’enseignant, a fortiori s’ils peinent à s’imposer à la maison. Ainsi, ils en viennent parfois à considérer comme abusives les décisions ou demandes les plus basiques du professeur, donnant alors à leurs enfants toutes les bonnes raisons pour manquer de respect à ce dernier.
A ce contexte éducatif s’ajoute un contexte social lié à la société de consommation d’aujourd’hui. L’École est devenue un «service» public au sens propre. Parce qu’ils paient des impôts, certains parents la vivent davantage comme une entreprise de laquelle ils sont clients et dont ils peuvent tout exiger. Et charge au professeur qui ne leur fournirait pas le service attendu de devoir se justifier, sous peine de contestations, de plaintes et même de dénonciations par le biais des médias.
Il est ainsi préférable de prendre le maximum de précautions en classe et hors de la classe (sorties, voyages, etc.), de soigner constamment son attitude et de ne pas se mettre en faute. Des paroles ou des gestes inappropriés peuvent très vite prêter à interprétation. De plus, vous avez le devoir de secret professionnel, il vous est interdit de divulguer à autrui et en particulier à d’autres parents d’élèves, toute information sur les élèves et leur famille.
Il convient plus que jamais d’être très prudents avec les réseaux sociaux et toutes les publications «faussement» privées (les amis de mes amis ne sont pas forcément mes amis) qui restent une mine d’or pour certains parents spécialisés dans la rumeur nauséabonde.
AVEC L’INSPECTION
Que les conflits soient internes ou externes, l’article 11 de la loi du 13 juillet 1983, modifié par la loi du 20 avril 2016, spécifie que «La collectivité publique est tenue de protéger le fonctionnaire contre les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, les violences, les agissements constitutifs de harcèlement, les menaces, les injures, les diffamations ou les outrages dont il pourrait être victime sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée».
L’institution a ainsi le devoir de protection des professeurs dont il a la charge. Pour autant, une minorité d’IEN ferme les yeux sur la réalité en minimisant la gravité de certaines situations, allant y compris jusqu’à préférer accabler à tort un professeur sans histoire pour éviter les «vagues» que pourraient générer quelques parents mécontents. Il suffit ensuite de mettre en évidence une incapacité liée à une défaillance médicale ou psychologique du professeur et l’éloigner ainsi de son poste. Cela est inadmissible : un collègue qui n’a rien à se reprocher ne doit pas être considéré comme «défaillant» et en subir les conséquences.
D’autre part, l’abus de pouvoir de certains inspecteurs du premier degré et la crainte démesurée de bon nombre de collègues ont parfois favorisé, dans les écoles ou circonscriptions, un climat délétère.
En cas de complication avec l’inspection, faites-vous accompagner d’un délégué SNALC, a fortiori si votre supérieur hiérarchique vous convoque. De plus, un appel téléphonique ne peut se substituer à une convocation en bonne et due forme que vous devez exiger. Consignez dans un dossier tous les éléments datés. Si les rapports avec l’IEN ne sont pas au beau fixe, prêtez une attention particulière à être irréprochable dans votre attitude et dans les propos que vous tiendrez.
AVEC LES COLLÈGUES
Les écoles primaires regroupent le plus souvent 4 ou 5 collègues qui se côtoient à longueur d’année, qui partagent les mêmes élèves, les mêmes locaux, le même matériel, la même imprimante et la même cafetière… Des personnalités différentes, un directeur d’école potentiellement mal perçu, un contexte étouffant et un système abrutissant suffisent parfois pour créer une ambiance malsaine. De fait, les situations conflictuelles inextricables entre collègues ne sont pas rares.
L’appui de votre délégué SNALC vous sera, là encore, essentiel. Sollicitez du directeur une réunion avec les personnes concernées. Ne prenez jamais les parents à partie pour vous défendre. Si la situation s’envenime, demandez un rendez-vous à l’IEN et faites- vous accompagner d’un délégué SNALC.
En cas de difficultés relationnelles avec votre directeur, prenez immédiatement contact avec votre délégué SNALC. Comme toujours il faut privilégier la discussion pour que toutes les choses soient dites de part et d’autre dans le seul objectif de tourner la page. En cas de refus de discussion, même si les relations IEN-directeurs sont souvent courtoises, demandez un entretien auprès de votre IEN. Ce dernier se doit de prendre les dispositions qui s’avèrent nécessaires pour assurer la sérénité indispensable au fonctionnement de l’école.
AVEC L’ADMINISTRATION
La plupart des difficultés rencontrées se règlent sans complication directement avec la DSDEN. Parfois, il est utile et nécessaire de faire appel à un délégué SNALC. Ce dernier a généralement des contacts avec les personnels administratifs qui permettent de trouver des solutions rapides aux problèmes rencontrés.
Dans des cas plus importants, les problèmes avec la DSDEN se règlent le plus souvent devant le tribunal administratif. Il est alors impératif de se faire accompagner et conseiller dans cette démarche.
Votre représentant syndical, épaulé par une équipe de juristes accoutumés des situations conflictuelles dans le métier, saura vous accompagner dans vos décisions et vous conseiller. Votre délégué SNALC est indépendant : il a pour seul but de défendre les collègues et leurs intérêts. L’adhésion au SNALC inclut l’assistance et la protection juridique pénale, assurées par la GMF, son partenaire.
Enfin, là où l’Éducation nationale ne propose rien aux personnels en souffrance, le SNALC, propose Mobi-SNALC, qui s’adresse à tous les adhérents souhaitant évoluer professionnellement au sein ou à l’extérieur de la fonction publique.