Il semble bien loin le temps des préparatifs des Jeux Olympiques, lorsque notre pays dépensait sans retenue pour impressionner le monde et démontrer son savoir-faire. La rentrée de septembre l’a brutalement ramené à la réalité, avec une dette nationale qui alimente toutes les discussions.
Pour réduire les dépenses de l’État, tous les moyens sont étudiés, mais la fonction publique est en ligne de mire, avec, au premier plan, l’Éducation nationale, qui compte 1 million d’enseignants, soit la plus grande entreprise de France. Cela fait des années que des abus, des dépenses superflues et, surtout, le rapport coût-bénéfice des agents de la fonction publique sont dénoncés.
S’il existe des dépenses inutiles et des abus dans l’Éducation nationale, il suffit de jeter un œil à la fiche de paie des professeurs des écoles pour comprendre que ces derniers n’en bénéficient aucunement. Bien au contraire, ils en paient souvent le prix. Pour le SNALC, les enseignants ne devraient pas être, encore une fois, les cibles de sacrifices supplémentaires, mais force est de constater que c’est précisément ce qui se passe.
Les récentes décisions au sein des instances académiques (mesures de carte scolaire, mise en place des PAS, suppression des BDFC …), justifiées par des besoins d’uniformisation ou d’amélioration du système, visent en réalité à réduire les coûts, et ce sont les enseignants qui en font les frais. Ainsi, les petits avantages propres à certains départements, comme des aménagements spécifiques facilitant la direction d’école, disparaissent. Partout, on élargit les missions, on réduit les décharges horaires, on ferme des postes, on ferme des classes ou on fusionne des écoles. Faire “plus avec moins” pour grappiller des ETP (équivalents temps plein) semble le nouveau mot d’ordre. Or, l’école est déjà au bord du dépôt de bilan éducatif et en pleine faillite sociale. Aujourd’hui, le désenchantement de la profession est tel que ce métier autrefois valorisant est devenu, en quelques décennies, l’un des moins attractifs, voire l’un des plus repoussants.
Dans ce contexte déjà morose, viennent s’ajouter de petites mesures qui passent le plus souvent inaperçues, mais qui impactent le pouvoir d’achat des enseignants. Dernièrement, le maintien intégral du salaire pendant les trois premiers mois d’un congé maladie ordinaire s’est réduit à 90 %, alors que la prise en charge de la protection sociale complémentaire par notre employeur n’est toujours pas passée à 50 % (les complémentaires santé ayant pourtant augmenté). Quant à la garantie individuelle du pouvoir d’achat, qui compensait les retards dans les avancements d’échelon, elle a été purement et simplement supprimée pour 2025. Pendant que ces restrictions budgétaires s’amoncellent, alourdissant systématiquement des conditions de travail déjà éprouvantes, des dépenses qui pourraient être évitées persistent : groupes de travail coûteux, formations inefficaces et évaluations superflues, ainsi que des projets sans réelle valeur ajoutée.
L’acharnement sur la profession ne s’arrête pas là, car la réforme des retraites qui s’annonce inquiète encore davantage. Le SNALC tire la sonnette d’alarme : la situation du métier d’enseignant est déjà critique. Continuer à réduire le pouvoir d’achat et ajouter des contraintes à un métier difficile pousse l’école dans le précipice. C’est la société tout entière qui en paiera le prix. Il est impératif de replacer l’école au centre des priorités nationales. L’état actuel de la société reflète la lente dégradation de notre système éducatif. La baisse du niveau des élèves n’est que la conséquence de l’acharnement que subit l’école depuis des années. Reconstruire un avenir serein dans une société protégée et prospère ne pourra se faire qu’en reconstruisant une école exigeante et de qualité, recentrée sur sa mission première : l’instruction.