Le 1er février 2023, la Cour des comptes a rendu un rapport sur le recrutement et la formation qui « (…) vise notamment à apprécier l’attractivité du recrutement ainsi que la qualité de leur formation initiale. » Elle reconnaît que la crise du recrutement est particulièrement marquée pour les académies franciliennes et dans certaines disciplines du secondaire. Mais cette crise s’aggrave. Si la question des rémunérations est reconnue comme importante, la Cour des comptes évoque d’autres causes, minimisant selon nous cet aspect primordial pour la profession, depuis longtemps.
Elle note que depuis 2010, de multiples modifications de la formation, du concours, des contenus de formation, démontrent que la situation est insatisfaisante, avec des problèmes que la masterisation n’a absolument pas solutionnés. Cela a retardé l’entrée dans la vie active, et donc le problème du financement des études pour les futurs candidats, ce que le SNALC avait dénoncé à l’époque.
La Cour des comptes, pour répondre à cette crise du recrutement, formule différentes propositions tout en reconnaissant que « ces propositions de réforme ne sauraient à elles seules redonner une meilleure attractivité au métier enseignant. La position sociale de la fonction enseignante et l’attractivité du métier doivent être une véritable priorité interministérielle, affichée et traduite en moyens. » On ne saurait mieux dire.
Voici leurs idées pour le recrutement :
- Recruter dans les académies en tension sur diplôme(s) et entretien, sur des contrats à moyens termes
- Pour la formation initiale, un stage d’une semaine avant la prise de poste pour les contractuels
- Créer des licences spécifiques amenant au MEEF
- Inscrire l’accueil des nouveaux enseignants dans le projet d’école
- Ouvrir plus de places au troisième concours
- Pour les académies franciliennes, mettre en œuvre des mesures et moyens spécifiques (sans préciser lesquels)
Le nombre de postes proposés au CRPE que l’on peut trouver dans l’arrêté du 30 mars 2023 montre en effet les besoins considérables des académies de Versailles et Créteil comparativement aux autres académies, ainsi qu’une augmentation des postes au troisième concours. Cela laisse présager que l’on se dirige lentement vers les solutions des magistrats de la rue de Cambon, d’autant plus que malgré les promesses d’un début de carrière à 2000 euros, le ratio du nombre d’inscrits au CRPE 2023 par rapport aux postes offerts est identique à celui de 2022.
Bref, pour le SNALC, la Cour des comptes propose des solutions à court terme mais en évitant soigneusement de revaloriser la profession et de traiter le sujet sur le fond.
A court, moyen et long terme, la pire des mesures serait de créer des licences spécifiques menant au MEEF. A moins de supprimer une fois pour toutes les concours. Que voulez-vous que fasse un étudiant muni de sa licence spécifique ? S’inscrire en MEEF et rien d’autre. Et s’il n’a pas le concours ? Une fois, deux fois, trois fois? Il recommence en première année un autre cursus après avoir passé 5, 6 ou 7 ans en fac pour rien? C’est insensé. Aucun étudiant avec deux doigts de jugeote ne s’engagerait dans une telle voie. C’est déjà ce problème qui a plombé la mastérisation qui est une usine à fabriquer des reçus-collés, reçus au master et collés au concours. Le ministère en avait été averti en temps voulu, il n’a rien voulu savoir On voit le résultat. Depuis le début (1989), les IUFM et les concours étaient incompatibles. Puisqu’on n’a pas voulu supprimer les IUFM, ce qui eût été préférable, et qu’on a au contraire étendu leur pouvoir en créant les ESPE puis les INSPE, il n’y a plus qu’un choix possible : supprimer les concours, les remplacer par un diplôme (le MEEF) et le faire suivre par des entretiens d’embauche. Pour ne pas condamner certains diplômés à rester sur le carreau, il vaut mieux ne plus jamais augmenter le point d’indice et traiter les professeurs comme des pouilleux de la pire espèce : comme ça, on ne se bousculera pas au portillon et seuls les plus nuls des étudiants feront une licence spécifique et un MEEF.