À la date de parution de cet article, le SNALC aura pris part à deux groupes de travail et de réflexion ministériels sur la direction d’école : les décharges complémentaires et la délégation de compétences des IEN. Le SNALC a immédiatement perçu le danger du lien que pouvaient avoir ces deux thématiques. La circulaire du DGESCO parue au BO du 27 août 2020 donnait d’ailleurs déjà une idée de dérives possibles et lors de ces groupes de travail, le SNALC n’a pas manqué de poser des jalons et de demander des garde-fous.
Les décharges
Si des décharges complémentaires, ponctuelles, pourront peut-être voir le jour rapidement au regard de besoins particuliers et de critères qualitatifs à définir, la demande du SNALC, celle d’une augmentation de la décharge de droit pour tous ne sera peut-être pas « pour tous » et prendra du temps… Qui dit plus de décharges, dit plus de postes à créer et donc un budget plus important, ou tout au moins dévolu à ce besoin majeur. Les décharges actuelles de droit pour les petites écoles de 1 à 3 classes ne sont pas toujours effectives sur tout le territoire. Le SNALC a demandé à ce qu’elles soient fixées à l’année et le remplacement du directeur ou de la directrice, assuré par un remplaçant titulaire de secteur, affecté à l’année. Pour ces petites écoles de 1 à 3 classes, le SNALC réclame 2 jours de décharges par mois et 10 jours annuels de décharge supplémentaire de droit au choix des directeurs et des directrices.
L’autonomie des 108 heures
Telle qu’elle apparait dans la circulaire du 27 août 2020, cette autonomie est ambigüe : le directeur aurait « la pleine responsabilité de la programmation et de la mise en œuvre des 108 heures dans le respect de la répartition réglementaire ». Cette responsabilité pourrait bien être le prétexte pour ajouter des missions supplémentaires aux directeurs d’école et risquerait d’engendrer un rapport d’autorité, hiérarchique, sur lequel le SNALC ne transigera pas. Les directeurs sont déjà suffisamment responsables de tout, sans d‘ailleurs avoir toutes les compétences nécessaires pour tout faire.
La mise en œuvre des 108h pose elle aussi beaucoup de questions : quelles sont les limites ? Le directeur sera-t-il responsable de veiller à ce que ses collègues fassent bien leurs réunions de parents aux bonnes dates ? Les APC dans leur totalité ? Le bon choix d’animations pédagogiques ? Pour le SNALC, chaque enseignant doit pouvoir rester libre de ses choix de formation. Mais alors, quelle est l’autonomie pour les directeurs si cette autonomie se borne finalement aux 48h de réunions ?
La délégation de compétences des IEN
Pour le SNALC, la « délégation de compétences des IEN » devait se limiter à des compétences relatives au fonctionnement de l’école. Mais après discussion avec le ministère, il redoute que celle-ci se traduise par des missions et responsabilités supplémentaires. Coïncidence ou pas, les décharges supplémentaires envisagées à l’heure actuelle par le ministère ressemblent fortement à celles de la proposition de loi de la députée RILHAC.
En tout état de cause, si le référentiel métier reste le texte de base, il est absolument à revoir : il faut définir – et écrire noir sur blanc – ce qui relève du directeur et ce qui n’en relève pas en termes de missions et responsabilités, d’autant plus avec une « autonomie des 108h » et une « délégation de compétences ».
Pour le SNALC, l’IEN doit s’en tenir au pilotage pédagogique et à l’évaluation des collègues. Il ne doit plus être un frein, ni aller à l’encontre des choix et décisions de l’équipe pédagogique.
La charte fonctionnelle de confiance
Une charte fonctionnelle de confiance pour poser les bases de la relation entre les directeurs et les IEN est tout sauf une réponse satisfaisante aux besoins de clarification des missions et responsabilités des uns et des autres (cf. BO du 27 aout 2020). Cette idée d’imposer une charte, telles les règles de conduite accrochées au fond la salle de classe qui sont oubliées au bout d’un mois, est même inadmissible. Pour qui nous prend-on ? Pour le SNALC, on ne gère pas du personnel avec une charte mais avec des textes réglementaires.
Et pour ce qui est de la confiance des IEN, les directeurs en manquent très souvent alors qu’elle devrait couler de source. L’IEN est le premier interlocuteur des directeurs. Mais il est malheureusement fréquent que l’IEN remette en question la professionnalité du directeur et oublie son rôle notamment et surtout dans la protection fonctionnelle des agents.
Le SNALC avait à la fois des craintes et des espoirs en entamant ce chantier direction. Hélas ! Les craintes semblent prendre le pas. À la date d’écriture de ce texte, beaucoup de questionnements demeurent.
Depuis le début, le SNALC insiste et persiste : il est absolument nécessaire de réécrire ou d’amender le référentiel métier, seul moyen de clarifier les missions et d’éviter les abus existants et à venir.