L’heure du bilan arrive pour notre ministre. Le moins qu’on puisse dire est que le contexte de ces dernières années n’avait rien de semblable avec ce que nous avions vécu précédemment, déjà en raison de la crise sanitaire, mais également par le fait que Jean-Michel Blanquer détient le record de longévité sur le fauteuil de ministre de l’Éducation nationale.
Ce qui aura marqué la profession ces dernières années, c’est le sentiment de dédain de la part de nos ministres successifs de l’Éducation nationale. Ce sentiment se sera accentué avec Jean-Michel Blanquer au regard du manque flagrant de communication dont il a fait preuve envers les enseignants. Bon nombre de décisions ont été parachutées et les représentants des personnels que sont les syndicats, à défaut d’être informés, n’ont pas été consultés, ou alors juste pour la forme. En l’absence de consignes claires, les directeurs et les professeurs des écoles ont dû le plus souvent recourir au système D pour trouver des solutions. Ce défaut de communication dans le contexte COVID a même provoqué ci et là des situations très embarrassantes et inadmissibles pour des collègues qui apprenaient par certains parents informés par la presse, comment les choses devaient se passer.
En effet, ce manque de communication du ministre vis-à-vis des enseignants n’a pas été du même acabit vis-à-vis des médias. Ces derniers ont quasiment systématiquement été informés – et bien informés – par le ministre, bien avant que les professeurs ne le soient. Cette attitude presque désinvolte qui consiste à annoncer des mesures, publiquement et sans discussion préalable avec les syndicats, a été perçue comme une forme de mépris supplémentaire par tous les professeurs. L’annonce soudaine à Marseille d’une expérimentation pour certaines écoles en milieu défavorisé par le président de la République en personne est venue confirmer que le dialogue social dans l’Éducation nationale était bel et bien bafoué.
La situation ces derniers temps dans les écoles est compliquée. Les collègues ont dû et doivent encore faire face au stress ambiant lié à l’épidémie qui ne cesse de faire parler d’elle, mais ils doivent aussi gérer un quotidien de plus en plus stressant. Année après année, les conditions de travail se compliquent pour les professeurs, avec les réactions agressives de parents excédés, avec la gestion de l’inclusion et d’élèves à besoins particuliers de plus en plus problématiques, avec des demandes institutionnelles toujours plus exigeantes et hors sol, et une crise économique qui entache de plus en plus le pouvoir d’achat. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’être professeur des écoles en 2022 est de plus en plus oppressant.
Aussi, ce message de « quiétude » dans les écoles, dispensé au travers des médias par notre ministre est devenu tout simplement insupportable. Ces dernières années, on entend que tout est maîtrisé, que l’école est prête et qu’il n’y a aucun problème, on en déduirait presque que grâce au ministre, les enseignants ont finalement la chance de pouvoir exercer sereinement… Dans ces conditions, où le pas de vague se mêle à la langue de bois, difficile de parler d’un bilan très positif de la politique éducative actuelle. L’hypocrisie et le mépris ont pesé et pèsent encore sur le moral des enseignants.