Les fonctionnaires ont vu le point d’indice de leurs traitements gelé de juillet 2010 à juin 2016 puis augmenté de 0,6% le 1er juillet 2016 et encore de 0,6% le 1er février 2017. A peine avaient-ils appris qu’ils seraient légèrement revalorisés, les voilà avertis que la revalorisation annoncée par le précédent gouvernement est reportée à janvier 2019.
Entre-temps, nous avons appris l’augmentation de la C.S.G. de 1,7 points ainsi portée à 9,2 % alors que lors de sa création en 1990, elle se montait à… 1,1 %. On a peine à le croire!
Nous avons aussi appris après une longue attente que cette augmentation serait intégralement compensée d’une façon qui reste bien compliquée, mais que les retraités qui touchent au-delà de 1300 euros par mois la subiraient sans aucune compensation.
Nous savons aussi qu’en janvier 2018, le prélèvement pour pension civile sera porté à 10,56% au lieu de 10,29% en 2017 (et 9,94% en 2016 et… 7,85% en 2010 !) ce qui réduira encore notre pouvoir d’achat.
Mais ces « bonnes » nouvelles ne suffisent pas ! Voici que Mme Cendra Motin, députée LREM de l’Isère, a fait de nouvelles propositions dans son projet de rapport annexé au projet de loi de finances pour 2018.
Elle préconise dans une série d’amendements de revoir les indemnités de résidence et le supplément familial de traitement pour «accompagner l’effort budgétaire qu’entend impulser le gouvernement.». Il s’agit en résumé de supprimer le versement de cette indemnité dans tout le territoire de la République sauf en Ile de France où l’on maintiendrait le taux actuel de 3%. Rappelons que l’indemnité de résidence créée après la guerre était destinée à compenser les difficultés de logements dans les villes qui avaient connu les destructions les plus étendues pendant la guerre. Il y avait alors une douzaine de taux différents. Peu à peu, ces indemnités furent intégrées dans le traitement, à l’exception de trois d’entre elles : la plupart des communes qui n’avaient connu aucune destruction n’eurent aucune indemnité. Beaucoup d’autres communes moins chanceuses furent classées dans l’indemnité de 1 %, c’est-à-dire 1 % du traitement brut. Les autres telles que beaucoup de villes bordant l’Atlantique, la Manche, la Mer du Nord, la côte varoise, les Bouches du Rhône, ou encore des banlieues parisiennes où les bombardements affectaient les usines mais détruisaient les immeubles, furent affublées de la zone à 3%. Il est vrai que le coût des appartements ne reflète plus aujourd’hui la situation de l’après-guerre: qui sait qu’une ville comme Cannes ou Nice ne bénéficie que de la zone à 1 % alors que Toulon est à 3% et que les communes de l’intérieur de la Provence, pourtant aujourd’hui aussi chères, n’ont aucune indemnité ?
Quant au supplément familial de traitement, que l’on parle de supprimer pour les personnels sous prétexte de le remplacer éventuellement par l’action sociale, on semble oublier complètement que si le gouvernement l’a établi en 1945, c’était parce qu’il s’inquiétait de l’évolution démographique alors catastrophique que connaissait notre pays et qu’il estimait ne pouvoir pousser que ses fonctionnaires à avoir plusieurs enfants pour redresser notre démographie. C’est pourquoi le S.F.T. ne s’adressait qu’aux seuls fonctionnaires. Il serait d’ailleurs paradoxal de le supprimer au moment où le ministre de la santé, responsable de la politique de la famille, s’inquiète elle-même de la baisse démographique que nous connaissons actuellement : nous sommes passés en quelques petites années du fameux taux de 2,1 enfants par femme en âge d’avoir des enfants qui seul permet le renouvellement des générations à 1,8 sinon moins. En attendant, l’amendement déposé envisage de limiter son versement aux enfants âgés de 13 ans au plus
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Et l’on ne vous a encore rien dit de la future réforme des retraites par comptes notionnels qui privera les fonctionnaires de leur régime actuel auquel nous savons nos collègues si attachés !
Fonctionnaires, on vous aime… de moins en moins !