Un colloque sur la liberté d’expression dans l’Éducation nationale a été organisé à Strasbourg par le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC). La vice-présidente, Marie-Hélène Piquemal, revient sur le hashtag Pasdevague.
Des enseignants ont exprimé leur colère avec le hashtag Pasdevague. C’était pour eux l’occasion de libérer leur parole ?
Marie-Hélène PiquemaI : « Le hashtag Pasdevague traduit un besoin d’expression. Une forte chape de plomb sur l’Éducation nationale paralyse tout le monde. Les gens s’empêchent de parler, il y a de l’autocensure. Les gens peuvent avoir peur que la situation empire, peur des représailles de la famille d’un élève, peur pour la renommée de leur établissement, peur pour leur carrière, peur d’être stigmatisés y compris par les collègues. Se syndiquer peut aider à libérer sa parole. Jean-Pierre Gavriolovic, le président du Snalc de Strasbourg, n’a peur de rien quand il s’exprime ».
Mais l’autocensure n’explique pas tout.
Marie-Hélène PiquemaI : « Il peut aussi y avoir de la résignation. Dans la vidéo de l’enseignante braquée par un élève, on peut voir un professeur presque résigné. Des enseignants peuvent aussi se dire à quoi bon faire un énième rapport, un énième signalement. La culture de l’excuse est omniprésente. On apprend aux futurs professeurs lors de leur formation que la parole de l’élève est l’égale de celle du maître, on sabote ainsi les piliers de l’autorité ».
Les enseignants ne sont-ils pas bloqués par leur devoir de réserve ?
Marie-Hélène PiquemaI : « Mais le devoir de réserve ne concerne pas les témoignages de ce que l’on vit au quotidien. Le devoir de réserve impose une neutralité politique, religieuse, mais il n’empêche pas la description d’une agression, il n’empêche pas de se défendre quand on est attaqué. La liberté d’expression, la liberté d’opinion sont garanties par la loi, mais on doit respecter le principe de neutralité et on ne peut pas engager l’Éducation nationale dans sa parole.
Parmi ceux qui se sont exprimés à travers le hashtag Pasdevague, le Snalc n’a été saisi par aucun enseignant qui aurait subi des rétorsions suite à son expression sur le réseau social Twitter ».
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Marie-Hélène Piquemal, vice-présidente du SNALC, a réagi ce mercredi dans M comme Maïtena à la nouvelle agression d’un professeur au lycée Branly de Créteil. Après le hashtag #PasDeVague qui a libéré la parole des enseignements, voilà une nouvelle illustration de la situation de ce que dénoncent les personnels de l’Education nationale.
Interview dans l’émission RMC « M comme Maïtena Biraben » :
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