Le ministère de l’Éducation nationale possède une particularité étonnante : il documente scientifiquement l’échec de sa politique.
On le constate une fois encore dans deux notes d’information publiées récemment par la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance). Ces enquêtes — de grande qualité — portent sur le temps de travail réel des professeurs ainsi que sur le bien-être de l’ensemble des personnels. Au vu des résultats développés, il faudrait plutôt parler de mal-être et de surcharge de travail.
Ainsi, le ministère dispose bien de tous les éléments de diagnostic et de bilan nécessaires pour établir des choix politiques en accord avec le réel. Et le réel dit clairement que l’idée d’un « pacte » en mode « travailler plus pour gagner plus » est complètement hors-sol. Il faut que le ministre arrête de sortir chaque jour devant un média différent des idées de missions supplémentaires à nous faire faire, avant de revenir dessus le lendemain en disant qu’il s’est mal exprimé. Parfois, une heure de silence vaut mieux qu’une déclaration organisée au débotté[1]. C’est pourquoi le SNALC demande que l’enveloppe prévue pour le pacte soit reversée dans celle qui sert pour la part inconditionnelle de la rémunération.
Le réel, c’est aussi la souffrance au travail de nombreux personnels, que le ministère doit prendre en compte. Dans l’organisation et le fonctionnement de l’école inclusive et des PIAL, par exemple. À ce sujet, l’interpellation par le SNALC des députés comme des services de Matignon a permis l’organisation d’une première réunion sur ce thème. Ce ne peut être qu’un point de départ, et l’on doit parvenir enfin à réunir l’ensemble des acteurs de l’inclusion autour de la même table, de façon régulière, afin de trouver des solutions aux difficultés grandissantes que connaissent les professeurs, les vies scolaires, les AESH, mais aussi les élèves inclus eux-mêmes et leurs familles. Car l’inclusion au rabais est aujourd’hui une cause majeure de souffrance chez nos collègues, et ce vécu doit être connu et pris en compte par les autres acteurs.
Le réel, c’est également le fait de rester modeste et proche du terrain quand on fait le bilan d’une réforme. À ce sujet, les professeurs de lycée professionnel n’en sont toujours pas revenus de voir le satisfecit de notre institution vis-à-vis de la précédente réforme de la voie professionnelle. Le SNALC le dit clairement : ce bilan est mensonger, et ne présage rien de bon quant à la suite. C’est pourquoi le SNALC poursuit la mobilisation et l’appel à la grève sur la voie professionnelle le 17 novembre prochain, dans le cadre d’une large intersyndicale. Ce n’est pas mieux au niveau du lycée général et technologique, dont le comité de suivi — que le SNALC a quitté — n’est pas capable de mettre sur la table les problèmes structurels. Le SNALC se prépare donc déjà à se battre sur la future réforme du collège.
Pour que votre réel, votre quotidien ait une chance d’évoluer positivement, il est impératif qu’il soit porté par une organisation syndicale représentative, dans tous les sens du terme. Non seulement le SNALC est officiellement représentatif et siège dans la plus haute instance de l’Éducation nationale, mais il est également représentatif car il ne déforme pas ce qui se passe dans nos établissements et nos administrations. Il sait décrire sans fard, avec honnêteté et indépendance, vos conditions de travail et l’état du système scolaire et universitaire. Il le fait au ministère ; il le fait dans tous les grands médias nationaux et régionaux. Pour qu’il ait une légitimité encore plus grande à le faire, il vous suffit de voter pour ses listes du 1er au 8 décembre prochain. En quelques gestes très simples — créer son espace électeur en cliquant sur le lien envoyé par le ministère sur votre adresse académique, récupérer ce mois-ci votre notice de vote — vous pourrez vous assurer que tout sera fait par nos élus pour que vous obteniez, enfin, un meilleur traitement.
[1] « mieux vaut un cours organisé au débotté qu’une heure de permanence » — Pap Ndiaye, entretien dans L’Obs, octobre 2022