Si l’on devait tout résumer en un mot, c’est celui-là qui viendrait immédiatement à l’esprit. Ou plutôt, les autres mots qui viendraient à l’esprit ne seraient pas recevables pour figurer dans l’éditorial de la revue du SNALC.
Il y a la situation sanitaire et sa gestion, bien sûr. Où l’on entend ronronner que tout va bien dans nos écoles et nos établissements, que c’est l’endroit le plus sûr du pays, que les contaminations ont forcé-ment lieu ailleurs. Et puis, de toute façon, «l es enfants contaminent peu», n’est-ce pas ? Fatigue de devoir expliquer que ce n’est pas si simple, qu’un lycéen n’est plus un enfant et que d’ailleurs il est prouvé qu’il contamine, que la science est souvent lente et que son fonctionnement permet rarement d’aboutir aussi vite à des vérités définitives, y compris en primaire.
Il y a l’agenda social, sur lequel vous apprendrez tout dans notre dossier du mois. Fatigue de réexpliquer pour la quarantième fois des choses dont tout le monde autour de la table est parfaitement au courant, fatigue de se réunir pour faire des «diagnostics partagés», fatigue de voir qu’on a des trémolos dans la voix sur nos salaires depuis 2017 et qu’on s’en occupe concrètement en 2021. On va voir ce qu’il y a sur la table — la fameuse table où le ministre a posé tous ses observatoires et ses comités — et au pire on essaiera de piquer la table. On devrait en tirer un prix correct sur internet.
Il y a la gestion façon «fuite en avant» dela réforme des trois voies du lycée. En voulant reconquérir le mois de juin, on risque de perdre le mois de mars. Et de ne pas retrouver celui de juin pour autant. Fatigue de devoir expliquer qu’une copie de bac — dématérialisée ou non — c’est un travail long et sérieux, et que non, les correcteurs ne vont pas assurer leur temps plein d’enseignement en même temps. Fatigue de voir cette organisation à flux tendu, où l’administration découvre en octobre les problèmes que le SNALC lui a signalés de-puis plus d’un an.
Il y a bien entendu votre fatigue à chacune et à chacun d’entre vous. Dans votre travail, dans l’image que certains donnent de celui-ci à l’opinion publique, dans le décalage entre les discours et votre quotidien. Cette fatigue, le SNALC la connaît, et vous êtes de plus en plus nombreux à lui en faire part, et nous faisons tout notre possible pour vous proposer de l’écoute, des aides, des solutions concrètes à vos problèmes concrets.
Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est fatigué qu’on baisse les bras, au contraire. Au SNALC, la fatigue est productive. Elle s’ex-prime, elle permet de construire nos pro-positions en identifiant clairement ce dont on ne veut plus. Croyez le bien : à force de porter votre parole au ministère de façon claire, incisive et intelligente… on les fatigue énormément
Jean-Rémi GIRARD
le 9 octobre 2020