D’après les anciens comme d’après Thomas Hobbes, l’Homme serait un loup pour l’Homme. C’est bien ce principe qui guide la politique éducative de nos gouvernements successifs, et notamment de ce quinquennat et du précédent. Autonomie de l’établissement, guerre ouverte ou feutrée pour savoir qui aura des demi-groupes, appel à projet innovant afin d’obtenir l’essentiel pour votre école et d’en priver par-là même l’école d’à-côté, PIAL dysfonctionnels où l’on vous sépare de l’élève que vous suiviez avec succès car le tableur Excel l’a décidé : rien n’est épargné pour nous diviser.
Dernier avatar en date : le pacte enseignant. Une usine à gaz aux mains d’un chef d’établissement qui n’en demandait pas tant, ou d’une direction d’école déjà au bord du burn-out (quand elle n’est pas en plein dedans). Une laisse que vous vous passez vous-même autour du cou, vous imposant d’effectuer au cours de l’année des remplacements de courte durée qui ramènent le professeur au rang de bouche-trou vaguement pédagogique, ou du soutien en collège alors que vous travaillez déjà en moyenne 43h par semaine dans votre école primaire. La récompense ? Un forfait qui vous permettra — peut-être — d’être payé en plus pour en faire encore plus — il paraît qu’il faut du monde pour la découverte des métiers en cinquième.
Et comme au ministère, on prend les loups pour des ânes, ce travail supplémentaire est affublé du vocable de « revalorisation ». Une revalorisation tellement revalorisante que nos interlocuteurs reconnaissent eux-mêmes qu’elle n’est pas intéressante pour les agrégés. Mais qui s’occupe encore des agrégés dans l’Éducation nationale, à part le SNALC ? C’est toujours fascinant d’entendre le mépris envers les agrégés suinter de la bouche et des pores d’un cadre qui gagne trois ou quatre fois leur salaire. Certains n’ont visiblement honte de rien.
Le monde rêvé de nos dirigeants, c’est un monde où nous serions des loups entre nous, mais des moutons à leur égard. Où nous bêlerions uniquement quand ils l’auraient décidé. Il fallait les voir nous reprocher d’avoir — horresco referens — publié après la réunion les documents sur lesquels ils nous présentaient leur projet. 10 mois que le président de la République et le ministre mentent sur le chiffre de 10 % de revalorisation en moyenne pour tous, et les méchants, ce sont les organisations syndicales qui produisent la preuve non contestée de leur mensonge ?
Sauf qu’on ne met pas de muselière au SNALC, dont l’un des objectifs est d’informer en toute transparence les personnels comme l’ensemble des citoyens, et non d’attendre sagement que nos gouvernants choisissent le temps, le lieu et les éléments de leur communication captieuse. Nous sommes humanistes et nous valons mieux que leur politique budgétaire à courte vue et que leur gestion des ressources inhumaine. En ces temps de crise des recrutements, de paupérisation et de dégradation de nos conditions de travail, un syndicat comme le SNALC montre que nous conservons notre grandeur d’hommes et de femmes, et que nous continuerons de nous battre avec dignité et efficacité.