Le temps politique et le temps éducatif sont fort différents. De même, la communication politique est parfois très éloignée de l’action politique réellement menée.
Si le SNALC entend que le calendrier politique présente des contraintes, il n’en demeure pas moins que la com’ devrait être fondée sur l’intérêt général et le réel, et non sur une vision court-termiste, électoraliste, voire je-m’en-foutiste.
Ainsi, c’est bien le politique lui-même qui avait annoncé un dégel du point d’indice avant l’été. Pour le SNALC, il n’y a pas à se réjouir de quelque chose qui nous est dû et a vocation à être un mécanisme mathématique automatique ; il y a en revanche à dénoncer le gel de ce même point d’indice pendant le quinquennat précédent. Quant à la temporalité annoncée, le réel nous montre bien qu’elle était parfaitement fantaisiste. Nous rappelons que si le dégel du point d’indice est nécessaire pour tous les agents, il est à lui seul insuffisant pour obtenir le rattrapage salarial dont les personnels de l’Éducation nationale ont besoin. C’est pourquoi notre syndicat a fait de la question salariale sa priorité depuis le début, a travaillé à des scénarios valables de revalorisation depuis des années, scénarios dont le ministère dispose sur sa fameuse table des négociations, mais qu’il n’a visiblement pas lus quand on voit la farce qu’ont été la prime d’attractivité et la prime informatique.
Il en va de même sur la gestion des ressources humaines. Alors que l’administration a tenté de la développer lors du quinquennat précédent, avec les résultats qu’on connaît, la com’ est devenue folle. Le SNALC a été consterné du battage médiatique organisé autour du « job dating » par l’académie de Versailles (précédée par Toulouse et suivie par Amiens) qui, non contente d’intensifier son recours à une précarité institutionnalisée, s’en est félicitée, arguant du succès de l’opération. Il faut quand même avoir renoncé à tout semblant d’éthique pour vanter « ce résultat si positif » (je cite la rectrice). Nos nombreuses interventions médiatiques sur le sujet ont permis de rétablir la réalité de la crise des recrutements et du système tout entier, crise que le nouveau ministre lui-même reconnaît, et dont la première cause est pour lui la rémunération. Comme on dit dans le jargon : nous avons enfin un diagnostic partagé, mais cela ne présage en rien du fait que nous allons tomber d’accord sur la politique salariale future.
Le SNALC pourrait également évoquer les annonces faites par le président de la République lors de son déplacement à Marseille, qui renouent avec le pire de la com’ : pas d’information préalable des personnels, annonces vagues sans qu’aucune précision ne soit apportée sur le comment et le combien (on ne parle même pas de la faiblesse du « pourquoi »), intention exprimée de généraliser une expérimentation qui n’a même pas encore eu lieu. Plutôt que de fantasmer l’École du futur en mode start-up, on pourrait peut-être s’occuper de l’École du présent ?
Pour le SNALC enfin, ce n’est pas la personne du ministre qui fait quoi que ce soit à l’affaire. Nous préférerions de loin un ministre désagréable qui nous augmente à un ministre sympathique qui ne nous augmente pas. C’est la politique menée qui constitue l’essentiel. Celle du quinquennat précédent n’était pas la bonne. S’il s’agit de la perpétuer en modifiant simplement son arôme, ce n’est pas la peine. C’est pourquoi le SNALC demande dès aujourd’hui que trois premières annonces fortes soient faites :
- un rattrapage salarial sans contreparties pour l’ensemble des personnels,
- l’abandon de toute idée de « pacte » conditionnant même une simple partie de la revalorisation salariale des enseignants,
- un travail de fond sur les modalités et l’organisation de l’école inclusive, sur ses conséquences sur les personnels, en visant à terme à la création d’un corps de catégorie B pour les AESH et à l’abandon des PIAL sous leur forme actuelle.