L’éducation nationale n’est plus un service public, ou plutôt elle ne prend plus cette direction. Elle devient un bien de consommation. C’est ainsi qu’elle fonctionne et qu’elle est perçue, par les parents, et avec l’approbation de l’Institution. Les parents et les élèves consomment des projets, des options, des spécialités, des activités organisées au sein de l’établissement. On a parfois l’impression d’être dans un supermarché : « J’aimerais que mon enfant fasse ceci ou cela, qu’il soit dans la classe d’un tel, qu’il puisse partir en voyage scolaire… ». Cette évolution est amplifiée par la mise en place de réformes qui accentue la fragmentation territoriale (collèges et lycées).
Les personnels de l’établissement se retrouvent cantonnés, les professeurs notamment, à un rôle de prestataire de services. Et le client est toujours roi. C’est à ce moment qu’interviennent deux phénomènes :
Le peu de considération des parents. Pour beaucoup, l’enseignant n’a pas une grande importance et le respect qu’on lui porte est tout relatif (de lui, on pense qu’il doit juste appliquer un programme et obéir au rectorat). Un signe qui ne trompe pas : lorsque vous emmenez des élèves en voyage, au moment du retour, combien de parents viennent vous remercier d’avoir organisé quelque chose qui ne fait pas partie de vos obligations ? Peu. Pourquoi ? Car cela est perçu comme un dû. Ainsi tel un miroir, des parents renvoient une image négative aux enseignants.
La toute-puissance des parents. «Non, mon enfant ne fera pas sa punition car il n’a rien fait» – «Vous ne devriez pas enseigner comme ça car les élèves ne comprennent rien». Si le dialogue avec les parents est indispensable, ces derniers cherchent à imposer leurs volontés et, parfois, se prennent pour notre hiérarchie.
Quand ils ne sont pas satisfaits, il y a parfois des menaces, des violences verbales ou physiques, voire des dépôts de plaintes. Rappelons ici la tragédie du suicide de Jean WILLOT, instituteur depuis 37ans, qui amis fin à ses jours le 15 mars 2019. Une mère d’élève avait porté plainte pour « Violences aggravées sur mineur de moins de 15 ans par une personne dépositaire de l’autorité publique ». L’instituteur, bien noté, n’a pas supporté cela et s’est pendu. Du reste, il suffit de taper les mots clés « parent frapper enseignant » sur un moteur de recherche pour avoir une idée de l’ampleur du phénomène.