Dans le premier degré, les incivilités et les écarts de conduite des élèves sont généralement minimes mais ils sont souvent les prémices d’agissements bien plus répréhensibles quelques années plus tard.
Au SNALC, nous pensons que la transmission des savoirs est le rôle premier de l’École. Nous ne pouvons cependant pas nier l’impact et le rôle de l’enseignant en élémentaire et en maternelle dans l’éducation à la vie en société, même si l’éducation revient bien évidemment avant tout aux parents.
À l’école, l’enfant hors du contexte familial a un comportement qui reflète l’éducation qu’il a reçue. L’enseignant de maternelle doit réagir dès les premiers actes violents. En cas de négligence face aux petits débordements, l’élève considère très vite que les règles de l’école sont les mêmes qu’à la maison sans les parents, autrement dit : «tout est permis».
Il serait néanmoins inconvenant de considérer que seule l’Éducation apportée par les parents est à l’origine des actes de violence à l’École. Ils sont la conséquence d’une accumulation de situations et de choix politiques qui ont affaibli les enseignants et l’École.
1. L’HOSTILITÉ DES PARENTS
L’école est devenue pour les familles un service public à proprement parler. Elle se doit d’être comme ils l’entendent, et l’enseignant conforme à ce qu’ils en attendent. Soumis de plus en plus souvent à des remarques déplacées ou désagréables, les professeurs des écoles ont appris à garder une distance de «sécurité» avec des parents qui cherchent à les mettre systématiquement en défaut. La confiance réciproque s’est étiolée et il devient naturellement compliqué d’aborder les problèmes de comportement d’un enfant avec sa famille, sans entraîner de réactions violentes des parents sous les yeux de l’élève, qui se voit alors conforté dans ses faits et gestes.
2. LA LASSITUDE DES ENSEIGNANTS
Depuis plus de trente ans, la succession incessante de nouvelles modes idéologiques, d’expérimentations pédagogiques et de réformes en tout genre ont démotivé les enseignants. De moins en moins de place est laissée aux initiatives personnelles des professeurs, qui sont pourtant les plus à même de savoir comment captiver des élèves de moins en moins réceptifs. Le métier consiste désormais à exécuter, souvent sans conviction, les «nouvelles» directives ministérielles. La lassitude des enseignants, responsables malgré eux de la baisse continue du niveau d’exigence et du niveau scolaire, n’échappe pas aux élèves et aux parents. Certains professeurs des écoles fatigués et blasés en viennent à fermer les yeux sur les petits écarts de conduite des élèves. Ces écarts, s’ils n’entraînent souvent aucune conséquence fâcheuse, laissent cependant s’installer dans la tête des élèves fauteurs de troubles un sentiment de liberté, d’impunité et de permissivité.
3. LA PERTE DES REPÈRES
Profitant de l’état de faiblesse de l’École et de la vulnérabilité de professeurs des écoles désabusés, les parents prennent peu à peu la main sur les écoles, souvent sous l’œil bienveillant d’inspecteurs bien trop soucieux du «qu’en dira-t-on» (#Pas- DeVague). Aussi, depuis des années, on désinstalle les règles en vigueur pour ne surtout pas «défriser» les parents. Bannis au fil du temps les zéros, les lignes à copier, les notes, les punitions, les corrections au rouge, les leçons trop longues, les évaluations surprises, les dictées un peu difficiles, les sports un peu fatigants, etc. Il faut désormais ménager les élèves et les parents et absolument éviter toute complication. Cependant, en cas de problème, il sera de toute façon reproché à l’enseignant de ne pas avoir adopté l’attitude requise.
Malgré la garantie du ministère d’un soutien sans faille de la hiérarchie, nous savons que certains inspecteurs continueront de soutenir les parents au détriment des enseignants. Même en interne, le respect du professeur est bafoué. On a perdu les règles et on s’assoit sur les valeurs, à l’image de certains médecins complaisants vendeurs sans scrupule de certificats médicaux permettant d’échapper à l’école.
4. UNE FORMATION DÉCALÉE
La formation fait l’impasse sur les conduites à tenir face aux situations critiques. Pourtant, il est évident que s’il n’y a pas une réelle maîtrise de la classe par le professeur et un réel respect de l’enseignant par les élèves, la pédagogie ne sert plus à grand-chose.
Pour lutter contre la violence à l’école élémentaire, il faudrait commencer par redonner aux professeurs des écoles la reconnaissance qui n’existe que dans la lettre de rentrée du ministre et dans ses interventions médiatiques. C’est au primaire que tout se joue : si nous parvenons à faire respecter l’école par les élèves dès le plus jeune âge, nous parviendrons certainement à réduire les phénomènes de violence auxquels sont confrontés les collègues du second degré.