Le mot du président : Représenter sans déformer

Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1464 du 15 avril 2022

Cet éditorial est garanti sans élections présidentielles.

Alors que nous sommes gavés d’analyses, de prises de positions et d’injonctions qui nous sautent à la figure dès que nous ouvrons un journal ou un écran, voire dès que nous adressons la parole à un ami ou un collègue, il me semble nécessaire de vous proposer un espace qui soit autre chose que pure immédiateté.

Si un syndicat professionnel et représentatif comme le SNALC ne pose pas les constats et ne tente pas l’expression objective de l’état de notre système éducatif, qui le fera ? Nous avons toujours eu comme principe fondateur notre indépendance, et partons du principe que les personnels de l’Éducation nationale et du Supérieur, qui ont charge d’âmes, n’ont pas besoin de directeurs de conscience pour glisser — ou ne pas glisser — un bulletin dans une urne.

Laissez-moi donc plutôt vous parler des mathématiques, qu’on tente in extremis de réintroduire en catastrophe après la saignée opérée lors de la réforme du lycée. Ou des colloques que le SNALC organise dans de nombreuses académies sur la souffrance au travail et les possibilités d’aller voir ailleurs, et qui font hélas salle comble. Je dis « hélas » car j’aimerais nous voir échanger, entre professionnels reconnus et respectés, sur les modalités de la transmission des savoirs, les techniques pédagogiques, les cultures professionnelles du premier et du second degré, la richesse de la voie professionnelle, plutôt que sur la désaffection des concours, la précarité des contractuels et le meilleur moyen de monter son auto-entreprise pour quitter au plus vite le navire.

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Et ça continue encore et encore

L’heure du bilan arrive pour notre ministre. Le moins qu’on puisse dire est que le contexte de ces dernières années n’avait rien de semblable avec ce que nous avions vécu précédemment, déjà en raison de la crise sanitaire, mais également par le fait que Jean-Michel Blanquer détient le record de longévité sur le fauteuil de ministre de l’Éducation nationale.

Ce qui aura marqué la profession ces dernières années, c’est le sentiment de dédain de la part de nos ministres successifs de l’Éducation nationale. Ce sentiment se sera accentué avec Jean-Michel Blanquer au regard du manque flagrant de communication dont il a fait preuve envers les enseignants. Bon nombre de décisions ont été parachutées et les représentants des personnels que sont les syndicats, à défaut d’être informés, n’ont pas été consultés, ou alors juste pour la forme. En l’absence de consignes claires, les directeurs et les professeurs des écoles ont dû le plus souvent recourir au système D pour trouver des solutions. Ce défaut de communication dans le contexte COVID a même provoqué ci et là des situations très embarrassantes et inadmissibles pour des collègues qui apprenaient par certains parents informés par la presse, comment les choses devaient se passer.

En effet, ce manque de communication du ministre vis-à-vis des enseignants n’a pas été du même acabit vis-à-vis des médias. Ces derniers ont quasiment systématiquement été informés – et bien informés – par le ministre, bien avant que les professeurs ne le soient. Cette attitude presque désinvolte qui consiste à annoncer des mesures, publiquement et sans discussion préalable avec les syndicats, a été perçue comme une forme de mépris supplémentaire par tous les professeurs. L’annonce soudaine à Marseille d’une expérimentation pour certaines écoles en milieu défavorisé par le président de la République en personne est venue confirmer que le dialogue social dans l’Éducation nationale était bel et bien bafoué.

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Syndicat enseignant