Ces derniers mois le ministère de l’Education nationale a accéléré le mouvement pour faire passer le métier de professeur des écoles à l’heure de la contractualisation.
Nouvelle génération de PE : vers une majorité de contractuels ?
Souvenez-vous qu’en avril 2020, Jean-Michel Blanquer annonçait « en grande pompe » la création de 1248 postes de professeurs des écoles supplémentaires. Or, dès le mois de juin, ce discours a été modulé : le nombre de places supplémentaires ouvertes au concours ne serait que de 625.
Il est alors apparu clairement que les 623 postes restants seraient couverts par des mobilités diverses et des contractuels.
La pénurie de remplaçants disponibles en ce début d’année scolaire pour cause de titulaires vulnérables ou contaminés par la Covid-19 a entraîné nombre de recrutements supplémentaires en urgence.
Si la stratégie budgétaire en cette période de crise donne à l’État toute légitimité au recours massif aux contractuels, le SNALC pense qu’il aurait été de bon aloi en ces circonstances de daigner enfin ouvrir les listes complémentaires. Sans remettre en cause la bonne volonté des contractuels, les élèves, et notamment les plus fragiles, ont besoin du plus haut niveau d’expertise de spécialistes que sont les professeurs des écoles, titulaires ou stagiaires, qui ont été spécialement formés pour cela.
Prime d’attractivité et heures supplémentaires
Le SNALC a noté tout dernièrement la volonté du Ministère d’améliorer l’attractivité du « métier » en permettant également aux contractuels enseignants de bénéficier dès le mois de mai 2021 de la prime d’attractivité, à l’image de celle des enseignants titulaires en début de carrière.
Entre autres, une nouvelle disposition a été décidée fin juin 2020, à savoir la possibilité pour les contractuels qui exercent dans le premier degré d’effectuer des heures supplémentaires.
Un décret et un arrêté fixant les taux de rémunération de ces heures ont été publiés.
Ne nous y trompons pas, ces heures supplémentaires sont mises en place avant toute chose pour que les contractuels du premier degré puissent encadrer les dispositifs de stages de réussite, d’école ouverte ou autres « vacances apprenantes ». Certes, il est parfois difficile de trouver des PE titulaires volontaires pour encadrer ces dispositifs insuffisamment rémunérés.
Quand la sémantique prend toute son importance…
Pour que les contractuels du premier degré puissent être employés et rémunérés en heures supplémentaires, le décret du 14 octobre 1966 a été modifié. Ainsi, dans son 1ᵉʳ article, « Les instituteurs et les professeurs des écoles » sont remplacés par : « Les personnels enseignants du premier degré ».
Faire disparaître la dénomination de notre métier des textes de loi revient à dévaloriser et déconsidérer les milliers de professionnels que nous sommes. Les mots ont un sens, une histoire et une symbolique.
Si à terme, les professeurs des écoles devenaient contractuels, ce serait la mort de la formation initiale, la fin de la stabilité géographique et professionnelle, la chute drastique des salaires…, in fine le développement de la précarité et une baisse de qualité de l’enseignement.
Cette pirouette lexicale pourrait être lourde de sens. Cela ne porterait-il pas une nouvelle fois atteinte à l’École, au statut du professeur voire même au statut du fonctionnaire ?
Le SNALC reste vigilant et « vent debout » pour défendre nos droits. Soutenez notre action en adhérant dès aujourd’hui.