Bien sûr, ni le référentiel (2013) ni le PPCR (2016) ne datent de cette année. Mais nous avons désormais assez de recul pour affirmer que la gestion de la carrière des professeurs à l’aune des compétences montre combien ces dernières peuvent être nuisibles et totalement injustes.
Les moins de vingt ans ne connaissent ni la note pédagogique, obtenue par une inspection, ni la note administrative reflétant notre implication ou notre rayonnement au sein de l’établissement. Ils ignorent aussi le grand choix ou l’ancienneté.
Certes, le système était imparfait. Mais la tentative d’objectiver le mérite d’un professeur par une grille de compétences relève de la gageure.
Le plus gros souci, en réalité, est que le référentiel mis en place par le ministère noie la maîtrise disciplinaire dans des compétences oscillant entre évidences lénifiantes et aberrations dogmatiques. Malheureusement, ce référentiel a des conséquences plus que fâcheuses.
Il a présidé à la refonte des concours d’enseignement où la rectitude du petit doigt sur la couture du pantalon est une compétence tout aussi importante que la connaissance des contenus de la discipline.
Il a donné naissance aux grilles d’évaluation que cochent les inspecteurs et/ou les chefs d’établissement (selon que l’on parle du premier ou du second degré). Et là, on ne frise même plus le ridicule. On positionne des agents entre « à consolider » et « excellent » dans les différentes compétences. Ensuite, une péréquation dépendant du taux que l’on souhaite promouvoir est effectuée pour octroyer l’avis global.
Au final, l’évaluation par compétences, c’est plutôt simple. On positionne, on coche. Ensuite, on peut tout justifier. Vous comprenez… je n’ai mis que « satisfaisant » car vous n’avez jamais été élue au C.A., madame, ou parce que vous ne travaillez pas beaucoup en interdisciplinarité… Le plus terrible dans tout cela est que des chefs d’établissement ou des chefs de la DPE n’hésiteront pas à vous dire : « Mais, rassurez-vous, cela ne remet en rien en cause votre valeur professionnelle. Il faut bien départager… »
Nous qui croyions que les compétences étaient justes et bonnes, pour les élèves comme pour nous !