Le SNALC n’a pas manqué de relever au printemps 2021 que durant la crise sanitaire, certains conflits sont allés crescendo. Alors que la priorité de chacun aurait dû être la sécurité sanitaire et le respect de ceux qui y veillent, force est de noter que beaucoup d’énergie a été déployée (et gaspillée) contre l’institution et ses acteurs du quotidien : les directeurs et les professeurs des écoles.
Animosité quotidienne
Les menaces, insultes ou diffamations envers les professeurs des écoles ont enregistré une nette progression en 2020. Tout particulièrement dans le primaire, cela s’explique par la fréquence des échanges avec les parents. Si cette progression est préoccupante, elle trouve également une explication, mais certainement pas une excuse, dans la succession de changements de protocoles sanitaires qui défient toute logique. Ces derniers, source de confusion permanente, n’ont pas manqué d’échauder des parents d’élèves qui, loin de comprendre certains impératifs, y ont vu une rigidité de la part des équipes pédagogiques.
Distanciel et numérique, catalyseurs des tensions
Si les causes de conflits entre parents et équipes enseignantes sont connues, il n’y a plus aucun doute sur le fait, maintenant avéré, que l’interface numérique n’a fait que les exacerber. En effet, tout ce qui est vécu par les familles comme des dysfonctionnements du système éducatif et de ses acteurs s’est trouvé grandement augmenté par l’incapacité à lever certaines interrogations menant à des incompréhensions. A distance, derrière son écran, en communiquant exclusivement par voie numérique avec les parents, impossible de désamorcer les désaccords. L’écrit, produit et lu en étant sous tension d’une crise sanitaire particulièrement anxiogène – ce que les statistiques des troubles psychologiques ont révélé – ne peut que dégénérer si l’on n’y prend pas garde. Derrière son écran, loin du soutien de leur équipe, les professeurs des écoles ont plus que jamais été fragilisés et certains parents se sont servi du lien numérique de façon particulièrement invasive, dépassant le statut d’acteurs de la communauté éducative pour être parfois, dans les pires cas, tourmenteurs assidus d’enseignants pourtant très investis, multipliant les mails de reproche avec une fréquence alarmante.
Entre le marteau et l’enclume
Une fois de plus, les enseignants ont dû faire respecter des règles qui n’étaient pas de leur initiative et ont bien eu du mal à se faire entendre par certains parents pour qui l’achoppement est un idéal. Pris entre le marteau et l’enclume, entre une hiérarchie timide dans les éclaircissements demandés et des parents intransigeants, ils en ont fait les frais. Que ce soit la nécessité de passer en distanciel (cas contact, etc.) ou l’obligation du port du masque, les causes de différends ont été multiples. Les plus belliqueux à s’être opposés au port du masque se sont d’ailleurs regroupés en collectifs multipliant actions et propagandes, plaçant les équipes dans des situations délicates, voire inextricables. A être simplement exécutants, les PE ont été mis en position bien involontaire de casus belli.
Faire et refaire
La succession des protocoles sanitaires, leur fréquence et leur manque de lisibilité ont mis à mal le moral des troupes, déjà bien diminué. Recevoir des directives sujettes à interprétations du fait de leur caractère sibyllin, être en charge de les appliquer rigoureusement, puis s’entendre dire quelques jours plus tard qu’il faut tout changer, est inadmissible aux yeux du SNALC. Ne peut qu’en découler épuisement, crainte de se tromper au regard de l’enjeu et antagonisme prévisible des familles peu ou à l’inverse trop attentives aux enjeux sanitaires. La surcharge de travail n’a pas été reconnue et les enseignants laissés à eux-mêmes. Si cela est habituel dans notre profession, ce n’en est pas pour autant acceptable.