Les interventions et la présence des adultes dans l’École
Si la présence d’adultes dans l’enceinte scolaire peut rassurer certains collègues, la multiplication des intervenants dans l’école est une source d’inquiétude pour un grand nombre de ceux qui ont répondu au questionnaire. Les allers et venues d’adultes pas toujours clairement identifiés sont préoccupants. Les intervenants changent parfois d’une semaine à l’autre et des remplaçants de remplaçants s’enchaînent, rendant pour le directeur le contrôle difficile, pour ne pas dire impossible. Un contrôle d’identité est d’ailleurs plébiscité par de nombreux collègues. Cela souligne l’intérêt des visiophones et autres systèmes de contrôle.
Ce dernier graphique montre que 53% des collègues ont relevé six entrées au minimum d’adultes extérieurs par jour dans leur école et parmi eux, près de 29 % en relèvent plus de 10 (en dehors des parents d’élèves).
Citations et témoignages :
« Il est possible de rentrer dans l’école en passant par la mairie dont nous n’avons pas les clefs ; il suffit de dire à la secrétaire de mairie qu’on travaille dans l’Éducation nationale et elle ouvre la porte. »
« Avec 400 élèves, nous avons énormément d’intervenants, AESH, remplaçants qui entrent et voyagent dans l’école, impossible de savoir qui ils sont. »
« Il s’est mis en place devant les grilles de l’école un système de parents vigilants qui surveillent constamment les allers et venues aux abords de l’école. Ces parents sont des personnes de confiance qui ont accès à l’école et qui régulièrement interpellent des adultes, pour leur demander ce qu’ils viennent faire dans l’école. Ils ont d’ailleurs une fois interpellé l’inspecteur. »
Position du SNALC :
Pour le SNALC, le graphique précédent reflète la difficile tâche du directeur d’école, qui doit assurer tout au long de la journée, l’ouverture de la grille à des personnes pour lesquelles il n’a ni les moyens ni le temps d’effectuer les contrôles d’identité ou de sécurité qui s’avéreraient indispensables.
Nous avons pu lire dans les témoignages que de nombreux directeurs se retrouvaient contraints de laisser leurs élèves en autonomie à de nombreuses reprises au cours de la journée, dans l’unique but d’aller ouvrir le portail. Face aux risques encourus en laissant sans cesse une classe sans surveillance, bon nombre d’entre eux, en l’absence d’une personne chargée de cette mission, préfèrent missionner un élève de leur classe pour aller ouvrir le portail, avec tous les risques que cela peut engendrer.
Dans les deux cas, le directeur se met en faute car il y a défaut de surveillance ou faute professionnelle.
Une troisième option consisterait à ne pas prendre de risque et ne pas ouvrir la grille à toute personne s’y présentant pendant les heures de classe du directeur et ce, y compris des personnes qui y sont légitimes, à savoir, les éventuels ambulanciers, les infirmières scolaires, les intervenants, les remplaçants, les ATSEM, les AESH, les conseillers pédagogiques voire même les inspecteurs… Inutile de préciser que là encore, le directeur se mettrait en difficulté.
L’accès de l’école à différents adultes dont on ne connaît pas toujours l’identité est un réel problème en termes de sécurité. Le manque de moyens de contrôle en est un autre. Les problèmes de communication constituent un troisième élément, mais le défaut de sécurisation des écoles repose parfois sur l’accumulation de toutes ces failles.
Nous terminerons notre analyse par une dernière donnée qui se passe de commentaire. À elle seule, elle suffit pour comprendre le travail qu’il reste à accomplir en termes de prévention, de formation, d’équipement et de sensibilisation.
Seulement 60 % des enseignants ont signalé que les accès à l’école restent fermés pendant les temps de classe.
Et parmi les 40% restants, plus de 20 % d’entre eux ont signalé un accès continuellement ou fréquemment ouvert permettant d’entrer et de sortir sans contrainte de l’école, au moment où tout le monde est en classe.
Pour quelles raisons ? Problèmes de prise de conscience ? Négligences ? Problèmes matériels ? Les raisons sont diverses mais toujours est-il que les faits sont là
Citations et témoignages :
« J’ai répondu jamais parce qu’une porte qui donne accès dans l’école est fermée avec un verrou inaccessible aux enfants mais accessible aux adultes de l’extérieur, car le directeur ne peut pas toujours se rendre à la grille pour ouvrir, donc certes la porte est fermée mais finalement pas vraiment. »
« Après une mauvaise surprise il y a deux ans, le directeur demande désormais systématiquement de décliner l’identité et le motif de la visite des personnes qu’il n’a jamais rencontrées, ce qu’il ne faisait jamais auparavant. »
« Lors des fortes chaleurs, il est impossible de tenir dans les classes sans courant d’air et le seul moyen est d’ouvrir une porte qui donne sur l’extérieur. »
« L’accès à la cantine se fait par l’école ; à partir de 11h les personnels de la cantine qu’on ne connaît pas toujours traversent la cour et les couloirs. »
« L’école est fermée mais le local communal étant dans la cour de l’école, le personnel de la commune préfère passer par une porte qu’il ne referme jamais. Donc cette porte est constamment ouverte. »
« Les WC ont deux portes dont une qui donne vers l’extérieur et qui ne ferme plus ce qui est problématique. La mairie ne fait rien depuis plus d’un an maintenant. »
Position du SNALC :
Même si une école est équipée de tous les dispositifs techniques nécessaires pour garantir sa sécurité, sa sécurisation passe avant tout par l’humain. En effet, tout dispositif, aussi performant soit-il, ne remplacera jamais les ressources humaines.
Dans le second degré, un certain nombre de personnels n’ont pas de charge de classe et se trouvent ainsi plus disposés (même si ce n’est pas leur rôle premier) à surveiller, contrôler, intervenir ou alerter. Il s’agit des AED, des personnes chargées de l’accueil, des agents au service de l’établissement, de l’administration, de l’intendance, du secrétariat, sans compter les divers assistants de laboratoire ou de langue, etc.
Dans le premier degré, c’est le directeur qui est chargé de surveiller, contrôler, intervenir ou alerter. Assurer la sécurité et agir pour la protection des personnels et des élèves de l’école ne peut pas reposer uniquement sur les épaules du directeur ou de la directrice. C’est là la première faille dans la sécurité à l’école primaire : il manque un ou plusieurs adultes affectés à temps plein dans l’école et détachés d’obligations d’enseignement.
L’évolution de la société et la complexification du métier de directeur d’école obligent à une nouvelle réflexion. Il n’est plus concevable de laisser les directeurs sans aide humaine et pérenne. Ils ont besoin d’une personne qui, en plus de les assister administrativement, doit être formée spécifiquement aux problématiques des écoles et de leur sécurité, et par la même habilitée à seconder le directeur dans tout ce qui relève de la sécurité de l’école.
Le SNALC réitère sa revendication : il est plus qu’urgent qu’un agent puisse venir seconder le directeur et jouer un rôle dans le domaine de la sécurité.