Comité technique ministériel du 3/10/2019 : déclaration du SNALC

Monsieur le Ministre,

Vous devez avoir conscience du mal-être et de la détresse dans laquelle sont plongés les professeurs et personnels de l’Education nationale. Septembre est mortifère : tentative de suicide à Fos-sur-Mer, suicide de notre collègue Christine. Un nom, un mort, qui rejoint celui de Jean, présent encore dans les esprits. Et puis il y a les autres, anonymes, comme celui, récent, au lycée hôtelier de Chamalières. Ou les 6 suicides en 11 ans, à Béziers, dans le même lycée.

La justice et les enquêteurs feront bien évidemment leur travail. Mais des écrits, accablants pour l’Institution, existent et ne peuvent-être ignorés.

Nous estimons que l’Etat porte une grande part de responsabilité. Il n’a pas su répondre à son devoir de protection des personnels en négligeant notamment depuis des décennies la question de la médecine du travail. La santé et la protection des personnels sont prioritaires. Pourquoi n’a-t-il jamais eu d’études du ministère sur la question des suicides et des burnout dans l’Education nationale ? Le problème n’est pourtant pas nouveau : déjà en 2002, l’INSERM estimait que la moyenne des suicides chez les enseignants était 2.4 fois supérieure à la moyenne nationale.
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Médecine de prévention : quoi de neuf docteur ?

Actuellement il y a 87 médecins de prévention ; bien trop peu pour un million de personnes. La seule visite médicale obligatoire a lieu au début de l’entrée en fonction. Outre le caractère illégal de la chose, cela engendre de lourds problèmes dont les personnels en situation de handicap, par exemple, sont les premières victimes.

Le SNALC dénonce :
– Les préconisations : elles sont émises par le médecin de prévention en lien avec des problèmes médicaux constatés ; or, ces recommandations sont loin d’être toujours appliquées par le chef d’établissement ou de service (priorité aux élèves, fonctionnement du service). Il n’y a pas de caractère obligatoire légal. Un comble ! Le SNALC demande que ces préconisations deviennent des obligations.

– Les allègements de service : le médecin estime un nombre d’heures (eu égard à un handicap, une situation médicale), mais c’est l’administration qui décide. Préconiser 4h et n’en avoir que 2, est-ce normal ? D’autant que ces allègements n’ont pas vocation à être pérennes et que leur renouvellement est très variable d’une académie à l’autre. Pire, lorsqu’il y a contestation, l’administration propose alors un temps partiel, ce qui est financièrement impossible. Le SNALC demande que ces allègements soient pérennes et reposent uniquement sur l’avis du médecin.

– Les risques psycho-sociaux : peu de médecins + absence de politique= impossibilité de diagnostiquer et/ou prévenir les situations de burnout, dépression ou tendances suicidaires. Le SNALC demande la mise en place d’une étude nationale sur les burnout et suicides et la mise en place d’une politique de prévention.

– La question de la neutralité : les médecins peuvent subir parfois de fortes pressions par l’administration. Le SNALC demande donc à ce que l’indépendance du corps médical soit respectée.

Dans plusieurs instances/audiences, le SNALC a dénoncé ces problèmes. Embarrassés, nos interlocuteurs sont conscients du problème ; ainsi la seule réponse obtenue quant au faible nombre de médecins de prévention est qu’il y a des difficultés de recrutement. Il serait bon alors de se poser la question : pourquoi ?