La rentrée de 2019 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Les professeurs, comme bon nombre de personnels non enseignants, sont encore marqués par le traumatisme des derniers mois : réformes des lycées et du bac imposées, répression et pressions, réforme de la fonction publique, violence et mépris (opinion, politiques) contre les enseignants, 2eme HSA imposée, communauté éducative marquée par une vague de suicides médiatisés…
La liste est longue.La souffrance, le traumatisme et le stress générés par cette accumulation n’ont pas disparu pendant la période estivale. Un indice qui ne trompe pas : les nombreux témoignages de collègues sur les réseaux sociaux, même en juillet et août ; des professeurs qui font part de leurs craintes, leur amertume, leur colère..
« Garde d’enfants, couteau suisse vivant de l’Éducation nationale avec cette sensation d’avoir une grande responsabilité mêlée à un profond sentiment d’impuissance pour se sentir réduit à un rôle insignifiant… »,voilà ce que ressentent un grand nombre de professeurs à la veille de cette rentrée des classes.
Beaucoup redoutent ne pas pouvoir tenir face à cette situation. Psychologiquement, cela va être violent. Le spectre du burnout rôde…et fera malheureusement de nouvelles victimes. Comment ne pas penser aux collègues qui ont succombé face à cette machine à broyer. Jean Willot et Jean-Pascal Vernet, deux professeurs des écoles, se dont donnés la mort à quelques semaines d’intervalles. Épuisés, brisés, ils n’ont pas pu être compris, épaulés, sauvés par leur hiérarchie… Àces deux cas, il faut également évoquer celui de Béziers : au lycée Jean Moulin, on a recensé 6 suicides dans le même établissement depuis 2011.
Malheureusement, cette situation risque de ne pas s’arranger pour l’année à venir. Aux raisons invoquées au début de ce texte, il nous faut rappeler l’absence d’une médecine du travail efficace qui empêche toute prévention et tout diagnostic des risques psycho-sociaux.
La généralisation des GRH de proximité, à partir de septembre, semble aller dans la bonne direction mais tout dépendra des moyens (humains et financiers) et de la politique menée dans ce domaine. L’Institution doit mettre en place des outils, et non une vitrine. Nous serons attentifs.
En attendant, le SNALC poursuivra son travail et le développement de ses propres outils qui font défaut au système : écoute et conseils, sophrologie et coaching pour les personnels, synthèse sur le malaise propre à notre profession, colloques et formations pour se protéger… S’isoler et culpabiliser, c’est se résigner ; la parole doit continuer de se libérer.Il ne faut rien lâcher.
Pour terminer sur une note positive : le 27 juin dernier, l’imputabilité au service du suicide de Jean Willot a été officiellement reconnue. Une première étape cruciale pour les proches de Jean et tous les professeurs victimes de ce malaise qui gangrène notre Institution. Si la dignité et la sérénité ne sont pas des droits acquis au sein de notre Institution, alors il faudra se battre pour les obtenir.Et pour cela, vous pouvez compter sur nous, et nous avons besoin de vous.