Les services de communication du Premier ministre ont su attirer l’attention des médias et des Français en annonçant la présentation du projet de réforme des retraites pour le mercredi 11 décembre devant les membres non élus du Conseil économique, social et environnemental.
Que faut-il comprendre pour les membres de l’éducation nationale ?
D’abord, veuillez noter que s’il a parlé des professeurs, qu’il appelle «enseignants», il n’a rien dit des personnels administratifs, techniciens, de santé et sociaux. Or, les indemnités de la plupart de ces personnels sont réduites, mais l’on sait déjà que le gouvernement ne s’occupera de leur sort que plus tard !
Ensuite, veuillez noter que la bonification d’ancienneté pour les mères de famille a disparu, corps et biens : aucune allusion ! Pas davantage on ne nous a parlé du sort des personnels détachés hors d’Europe : leur bonification d’ancienneté aurait-elle aussi disparu ?
Enfin, on nous garantit que les pensions des professeurs ne seront en aucun cas diminuées, mais comment les professeurs en temps partiel pourront-ils alimenter leur compte de points puisqu’ils ne pourront cotiser à plein temps, alors que dans le système actuel, leur année à temps partiel compte pour une année de durée d’assurance!
On nous garantit que les pensions des professeurs seront garanties au niveau actuel de celui des fonctionnaires de catégorie A, mais on ne nous a strictement rien dit sur la méthode qui sera employée pour y parvenir.
On nous garantit que la loi garantira l’impossibilité de voir la valeur de service du point diminuer, mais comment peut-on nous l’affirmer quand on a connu les crises économiques et surtout la terrible crise de 2008 ? Une loi n’a-t-elle jamais modifié la loi ?
On nous garantit que cette valeur augmentera avec les salaires qui augmentent tout le temps, mais les Suédois qui appliquent la retraite par points sont-ils mieux traités depuis quinze ans ou au contraire n’ont-ils pas subi d’inquiétantes baisses de revenus ?
On nous dit que les Français nés après 1975 et non plus après 1963 connaîtront les joies du nouveau système, mais si l’Etat est si sûr de ce résultat, que n’applique-t-il pas tout de suite cette forme de retraite ?
Enfin et surtout, si dans le système actuel, chaque professeur sait combien de trimestres il devra travailler et combien il touchera de pension, il est tout aussi clair que dans le futur système, le même professeur devra sans cesse consulter son tableau informatique pour connaître le nombre de points accumulés, savoir s’il a intérêt à être professeur principal, combien d’heures supplémentaires il demandera et combien il en aura, se demander quand il aura intérêt à s’arrêter, et faire des hypothèses sur la valeur prévisible du point à l’échéance redoutée.
A ce niveau d’incertitudes, il ne se posera plus la question de l’âge de départ souhaitée, ni de l’âge pivot, mais tout simplement de savoir pendant combien de temps il pourra « tenir » pour pouvoir espérer un montant de pension décent.