Réforme des retraites, mise en œuvre de la loi fonction publique, réforme des trois voies du lycée, fusion des académies de Caen et de Rouen et rapprochement des autres… L’année 2020 promet d’être complètement folle.
2019 s’est achevée par un mouvement social de grande ampleur ; 2020 reprend le flambeau. Au moment où j’écris ces lignes, la mobilisation du 9 janvier promet d’être encore très suivie dans l’Éducation nationale. Il faut dire que rien n’est clair. Les «cas-types» d’enseignants sortis à la va vite n’ont aucun sens. La future revalorisation est qualifiée d’«historique» — c’est historiquement la plus interminable, vu qu’elle devrait s’achever vers 2037 (!) — mais impossible de savoir en quoi elle consiste. Six mois de négociations sont prévus, pour avoir le temps de «tout mettre sur la table», là où le SNALC demande au contraire qu’il n’y ait pas de contreparties. Autant dire que nous ne sommes pas confiants : les personnels de l’Éducation nationale vont-ils être les seuls à qui l’on impose une modification de leur métier pour pouvoir toucher une retraite décente ?
Dans le même temps, la réforme des trois voies du lycée continue son avancée au pas de charge. Les élèves et les personnels découvrent les ajustements en temps réels. Certes, on se sent légèrement soulagés de quelques évolutions comme en français, obtenues de haute lutte. Mais les problèmes, comme l’abandon d’une spécialité en fin de première ou la chute de fréquentation des séries technologiques, demeurent. Les E3C s’organisent dans un calendrier à la limite de la maltraitance. Cela va jusqu’aux chefs d’établissement, qui craignent de plus en plus l’accident industriel surtout le volet numérisation des copies. Dans la voie professionnelle, on cherche encore à comprendre le fonctionnement règlementaire de la co-intervention.
1er janvier 2020, c’est aussi la création de l’académie de Normandie, dont le SNALC vous parle dans ce numéro. Une expérimentation effroyable, des tensions invraisemblables, tout ça pour fusionner deux entités qui fonctionnaient bien mieux auparavant. D’ailleurs, c’est tellement souhaitable, cette fusion, qu’on a renoncé à la faire partout ailleurs… pour le moment. Mais ne rêvons pas : on prépare déjà l’étape suivante.
2020, c’est aussi la mise en application de grandes mesures de la loi fonction publique. C’est la fin du paritarisme sur les mutations, et la fin de la transparence. Nous entrons dans l’ère du soupçon, et surtout dans celle de l’invérifiabilité. Le SNALC, syndicat représentatif, pourra accompagner tous les personnels dans toutes les démarches et porter tous vos recours. Cela n’enlève rien au scandale que constitue cette mesure. Mais rassurez- vous : si vous êtes lassés du métier, vous pourrez désormais demander une rupture conventionnelle, qu’on vous refusera probablement si elle est trop coûteuse. Pas impossible en revanche qu’on vous la propose — puisque c’est désormais possible — et même qu’on vous la propose avec insistance dans certaines situations. Là aussi, le SNALC vous informera de vos droits, et les rappellera à l’administration.
Face à toutes ces mutations, menées à tambour battant, le SNALC demeure un lieu de raison, de critique et d’action. Notre bonne résolution pour 2020 est toujours la même : c’est de vous écouter et de porter votre parole. C’est de mettre un peu de bon sens dans toute cette folie. C’est de tout donner pour faire comprendre à notre ministère que la confiance, ça fonctionne mieux quand on n’essaie pas d’entuber les gens.
Le président national,
Jean-Rémi GIRARD
le 8 janvier 2020