Au-delà des soirées qui s’allongent et des repas en extérieur, l’arrivée du mois de juin signe pour les professeurs des écoles l’assurance du retour des ventilateurs dans les classes, la mise en route des climatiseurs (pour les plus chanceux et les mieux équipés), la recherche d’un coin d’ombre dans la cour goudronnée, et autres joyeusetés de fin d’année scolaire…
Mais ça c’était avant. Avant le Coronavirus.
Cette année s’est ajouté à la chaleur le masque derrière lequel nous avons suffoqué pendant plusieurs semaines, difficulté particulièrement présente dans une profession où la parole est reine et où nous sommes amenés à théâtraliser et à jouer sur l’intonation plus qu’à notre tour. De même, avoir un débit constant et reprendre ainsi son souffle relevait du tour de force, l’âge n’aidant bien entendu pas.
Mais qu’à cela ne tienne : tombez les masques ! L’obligation de porter le masque a été assouplie pour les professeurs au 31 mai : le port d’un masque « grand public » pour les personnels est obligatoire lorsque les élèves sont présents mais il n’est toutefois pas obligatoire pour les enseignants lorsqu’ils font cours et sont à plus d’un mètre des élèves.
Ventilation et climatisation : interdiction formelle ?
Dans le protocole sanitaire, l’aération est évoquée de façon très restrictive puisqu’elle doit être effectuée avant l’entrée des élèves en classe et après leur sortie. Ouvrir la fenêtre n’est donc pas prévu en cette période de pandémie.
L’avis rendu par le Haut Conseil de la santé publique ne simplifie en rien la situation en contre-indiquant l’utilisation du ventilateur dans les espaces clos comme la salle de classe. Même en portant le masque.
Localement, les déclinaison académiques et départementales se sont emparées de ces préconisations qui ont franchi un cap pour devenir des injonctions appuyées : les ventilateurs sont interdits. Dur à concevoir pour nous, PE, qui subissons avec nos élèves les effets des fortes chaleurs dès la fin mai et souvent jusqu’à la fin septembre.
Dans les écoles, les climatisations sont une denrée rare. Pour les quelques chanceux qui pourraient l’utiliser, le Haut Conseil évoque la crainte de favoriser une contamination par l’aérosolisation de particules virales. Il faudrait, pour une situation idéale, que les climatiseurs soient équipés de filtres performants et correctement entretenus, ce qui permettrait d’obtenir un air « filtré » qui ferait baisser significativement la charge virale de la pièce. L’air y serait même selon le rapport moins contaminant suite à ce filtrage. Malheureusement, ces données relatives aux caractéristiques et à l’entretien des climatiseurs ne sont pas mises à disposition de l’équipe pédagogique, cela dépassant qui plus est son niveau de compétence en la matière. Pourrez-vous juger si votre climatiseur à l’école filtre bien et améliore la qualité de l’air ou si au contraire, il aggrave la situation car il n’est plus aux normes ou insuffisamment entretenu ?
Fournaise
Cela va entraîner d’autres risques : la déshydratation et le coup de chaleur. Les deux peuvent survenir dès les premiers jours de chaleur et sont potentiellement mortels selon l’avis du Haut conseil de la santé publique.
N’oublions pas que structurellement, les écoles, souvent vétustes, parfois victimes d’architectes visionnaires, exposent leurs usagers à des conditions extrêmes : absence de volets et de rideaux, mauvaise isolation, exposition plein Sud, préfabriqués « fours à micro-ondes », dortoirs étouffants, multiplication des baies vitrées (qu’on n’a pas le droit d’ouvrir actuellement) …
Des écoles et des préfabriqués fournaises : pas contaminés, mais déshydratés. C’est au choix.
Sans ventilateur, aération ou climatisation, c’est certain, élèves et enseignants (masqués !) ne feront pas long feu et les malaises seront quotidiens. Le manuel de recommandations du ministère en cas de canicule n’y changera rien… à moins bien sûr d’en faire des éventails…
Se protéger en ouvrant le parasol
S’il n’y a pas de température maximale en classe fixée par les textes, l’Education nationale, garante de notre santé, de notre bien-être et de notre sécurité au travail, doit s’adapter pour nous protéger en ce contexte particulier car au-delà de notre propre santé, il y a celle de nos élèves, particulièrement vulnérables à la chaleur, dont nous sommes responsables. Il ne faudrait pas que le système fasse sombrer ses usagers dans la négligence ou pire, la maltraitance. Il y a des limites et notre seule bonne volonté ne peut pas faire de miracle.
Pour vous protéger, tant sanitairement que pénalement, faites appel au CHSCT. Si les températures grimpent, il faut inscrire sur le registre de santé et sécurité au travail présent à l’école toutes les observations et suggestions que vous jugerez utiles. Votre directeur transmettra ces informations à l’assistant de prévention, à l’IEN et à la mairie, responsable des locaux. Vous pouvez également saisir le secrétaire du CHSCT par un mail ou par téléphone. Vous aurez prévenu du danger et on ne pourra pas vous le reprocher ultérieurement.
Mais prévenir n’est pas guérir. Faudra-t-il attendre les malaises et coups de chaleur pour agir ? Ou bien les maires et les IEN, DASEN ou autres recteurs prendront-ils leurs responsabilités pour protéger élèves et enseignants ?
Dans tous les cas, contactez-nous. Nous vous conseillerons, vous accompagnerons et vous protégerons dans ces situations très délicates.
J’ai envie de dire en juillet aussi… On entend toujours parler des fameux 2 mois de vacances, mais en réalité on doit supporter une semaine sur juillet depuis des années, elle sert à quoi au juste à part subir la fournaise ? Nos dirigeant pensent sérieusement que les enfants sont dans de bonnes conditions pour apprendre par 37 degrés en classe comme l’an dernier ?