Archives de catégorie : Direction

Quand le harcèlement moral conduit au suicide

CACHEZ CES CHIFFRES QUE JE NE SAURAIS VOIR
Après une série de gestes désespérés qui n’en finit pas de s’allonger, le monde enseignant est frappé de stupeur et les médias enfin attentifs, pour un temps du moins, à la réalité douloureuse du quotidien des professeurs des écoles. Si le SNALC a fait de la souffrance au travail son cheval de bataille, les médias ont trop souvent fait l’impasse sur ces drames pourtant évitables. Et la hiérarchie, plus que de nier l’évidence, est parfois le facteur déclenchant de ces descentes aux enfers au retour impossible. Car force est de constater que les cas se multiplient au fil des années. Lors de l’année scolaire 2018-2019, 58 agents se sont suicidés. Or ils sont pourtant loin d’être tous médiatisés.

La raison en est simple : si un suicide ne peut pas être rattaché à une souffrance purement professionnelle, l’administration ne fait pas remonter les données. Et de fait, les statistiques s’en portent bien pour l’administration. Du moins, en apparence. Les derniers chiffres dont on dispose datent de 2002. Le taux de suicide des enseignants est élevé selon les données INSERM de l’époque : il y aurait 334 suicides de professeurs en moyenne par an pour 857.000 professeurs, soit un taux annuel de 39 pour 100 000. Depuis la rentrée 2019, on dénombre il y a eu 11 suicides et 10 tentatives. Or, seulement 0.5% de ces 334 suicides sont médiatisés chaque année. C’est dire le déni et le pas de vague mis en place depuis, proportionnels à l’ampleur du mal qui ronge la profession.
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Une éducation nationale en voie de « bullshitisation » ?

Le concept de «bullshit job» a été popularisé par l’anthropologue américain David GRAEBER (1) dès 2013 : il s’agit d’un travail inutile ou néfaste dont la personne qui l’exerce ne peut justifier l’existence même si elle feint parfois d’en proclamer l’utilité.

Le SNALC, qui défend notamment le noble métier de professeur, s’est toutefois posé la question : avec une évolution tendant à l’augmentation régulière de tâches inutiles, l’Éducation nationale serait-elle en voie de «bullshitisation » ?

GRAEBER a quantifié ce phénomène et considère qu’aux États-Unis seul 37% du temps de travail de la plupart des employés de bureau est réellement consacré à leur véritable activité professionnelle. Le reste se partage entre réunions inutiles, établissement de statistiques du même acabit, paperasse… Il identifie la numérisation comme en étant la cause principale (outre le développement d’un encadrement managérial).

Il souligne également l’ineptie qui consiste à traduire des expériences qualitatives en informations quantitatives traitées par ordinateur. Cela ne vous dit rien ?
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La vérité sur les établissements des savoirs fondamentaux

Le projet d’EPSF (Etablissement Public des Savoirs Fondamentaux) a fait l’effet d’une bombe lors de son annonce, à laquelle personne ne s’attendait. Plusieurs aspects ont fait bondir et réagir les enseignants, directeurs comme adjoints, mais aussi les familles, dès lors que les médias et les syndicats ont relayé cet amendement.

Sur le choix très discutable de la méthode tout d’abord, qui s’apparente à un passage en force. Cet article 6 quater du chapitre 1er du Titre II du projet de Loi BLANQUER a été présenté et voté en moins d’une heure à l’Assemblée nationale en présence d’un nombre très réduit de députés. Sans discussion préalable avec les partenaires sociaux. La façon de procéder est singulièrement cavalière.

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