Archives de catégorie : Ecole

Troubles dys : une fatalité d’opérette ?

« Hélène.
– Qu’est-ce que je vous disais, la Fatalité.
Calchas.
– C’est votre excuse… »

La Belle Hélène
Opéra-bouffe en trois actes de Jacques Offenbach
Paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy

Chez Offenbach, la Fatalité est l’excuse idéale d’Hélène, pour sa cuisse légère, lorsqu’elle abandonne son mari Ménélas pour suivre le beau Pâris. Les troubles dys, depuis quelques décennies, offrent eux aussi une excuse confortable, une Fatalité d’opérette, à l’échec scolaire cette fois.

En France, le nombre d’orthophonistes a augmenté de 72 % entre 1995 et 2010. En 2013, dans son essai A l’école des dyslexiques. Naturaliser ou combattre l’échec scolaire ?, la maîtresse de conférence Sandrine Garcia montre que le diagnostic de dyslexie s’applique le plus souvent à des élèves dont les difficultés de lecture trouvent leur origine dans les modalités d’apprentissage auxquelles ils ont été confrontés, et non pas dans « des troubles spécifiques de l’apprentissage de la lecture » attribués à des déficits propres à l’enfant et que cette situation aboutit à une médicalisation abusive des difficultés prise en charge par des professionnels extérieurs à l’école, prêts à « traiter » le handicap prétendu « naturel » qui serait celui de l’enfant. [1]

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Et ça continue encore et encore

L’heure du bilan arrive pour notre ministre. Le moins qu’on puisse dire est que le contexte de ces dernières années n’avait rien de semblable avec ce que nous avions vécu précédemment, déjà en raison de la crise sanitaire, mais également par le fait que Jean-Michel Blanquer détient le record de longévité sur le fauteuil de ministre de l’Éducation nationale.

Ce qui aura marqué la profession ces dernières années, c’est le sentiment de dédain de la part de nos ministres successifs de l’Éducation nationale. Ce sentiment se sera accentué avec Jean-Michel Blanquer au regard du manque flagrant de communication dont il a fait preuve envers les enseignants. Bon nombre de décisions ont été parachutées et les représentants des personnels que sont les syndicats, à défaut d’être informés, n’ont pas été consultés, ou alors juste pour la forme. En l’absence de consignes claires, les directeurs et les professeurs des écoles ont dû le plus souvent recourir au système D pour trouver des solutions. Ce défaut de communication dans le contexte COVID a même provoqué ci et là des situations très embarrassantes et inadmissibles pour des collègues qui apprenaient par certains parents informés par la presse, comment les choses devaient se passer.

En effet, ce manque de communication du ministre vis-à-vis des enseignants n’a pas été du même acabit vis-à-vis des médias. Ces derniers ont quasiment systématiquement été informés – et bien informés – par le ministre, bien avant que les professeurs ne le soient. Cette attitude presque désinvolte qui consiste à annoncer des mesures, publiquement et sans discussion préalable avec les syndicats, a été perçue comme une forme de mépris supplémentaire par tous les professeurs. L’annonce soudaine à Marseille d’une expérimentation pour certaines écoles en milieu défavorisé par le président de la République en personne est venue confirmer que le dialogue social dans l’Éducation nationale était bel et bien bafoué.

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Dédoublement de classes : poudre aux yeux ou résultats avérés ?

Jean-Michel Blanquer a fait du dédoublement des classes de GS, CP et CE1 son cheval de bataille médiatique, vantant les mérites d’un tel dispositif mobilisant 10 800 professeurs des écoles et oubliant de dire que pour y arriver, il a fallu faire des coupes franches dans d’autres secteurs. Le jeu en valait-il la chandelle ?

Puisque je vous dis que ça marche !

Notre Ministre est autant dithyrambique qu’intarissable sur le sujet du dédoublement des classes de GS, CP et CE1 en éducation prioritaire. « Le dédoublement, c’est la locomotive de toute mon action dans ce ministère. » Cette mesure phare vise à rétablir une forme de justice sociale en réduisant les inégalités scolaires, mettant fin à un certain déterminisme. Il faut dire que le Ministre a répondu à une certaine pression extérieure : les études internationales vont d’une part dans le sens des classes à effectifs réduits pour obtenir des résultats et d’autre part dans le constat que tout se joue très tôt dans la scolarité. A ce jour, 380 000 élèves, soit 20% des élèves concernés, bénéficient du dispositif au sein de 1 050 écoles REP et REP+. Résultat : classes sereines et enseignants « sur un petit nuage ».

Mais les résultats sont-ils à la hauteur ? Jean-Michel Blanquer affirme que l’écart entre les élèves en REP et ceux hors REP est tombé de onze à sept points en fluidité de lecture, réduit donc de 36% : « C’est un résultat extraordinaire. Je peux partir fier du travail accompli », lance notre Ministre, même s’il reconnaît que « le confinement de 2020 a retardé les avancées, qui sont encore hétérogènes. »

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