Le SNALC pointe les responsabilités suivantes :
Des salaires trop bas ;
avec une baisse de 25% du pouvoir d’achat en 30 ans, nous sommes parmi les moins bien payés des pays de l’OCDE.
L’Éducation nationale fonctionne comme une vitrine;
il faut qu’elle brille. On ne demande pas aux dispositifs de fonctionner mais simplement d’exister. Prenons l’exemple de la mobilité. Il existe bien des conseillers mobilité carrière mais leur nombre est bien insuffisant (environ 70), eu égard aux nombreuses demandes. De la même façon se profile la généralisation de GRH (gestion ressource humaine) de proximité. Mais avec quels moyens ?
Une médecine du travail peu efficace et l’absence d’une véritable politique de prévention des RPS (risques psycho sociaux).
Il y a moins de 90 médecins pour environ 1 million d’agents. Conséquence: une seule visite médicale obligatoire au cours de sa carrière, lors de son recrutement (une carence illégale par ailleurs). Les burn-out ou les suicides dans l’Éducation nationale ne sont pas une découverte. Pourquoi aucune étude à ce sujet ? Il existe pourtant des dizaines de Jean WILLOT chaque année. A Béziers, on déplore 6 suicides en 11 ans (2008-2019) dans un même lycée. Un syndrome France Telecom inquiétant.
Une absence de soutien face aux parents et/ou aux élèves.
Parfois la parole d’un collègue ne pèse pas lourd face à celle de parents (ou d’élèves).
Une absence d’écoute.
Le mouvement « pas de vague » nous rappelle que la souffrance des collègues est souvent passée sous silence ou n’est pas suffisamment prise en compte. Il en découle un isolement et une culpabilité néfastes pour les victimes.
Des réformes désastreuses avec un nivellement par le bas, la confusion entre égalité et égalitarisme et le souci de faire des économies.
Une multiplication des missions, une surcharge de travail.
Le poids des préjugés : l’exemple du temps de travail
Notre métier fait l’objet de nombreux préjugés et l’opinion générale n’est pas tendre, nous renvoyant très souvent une image de privilégiés. Parmi ces stéréotypes, figure la question du temps de travail.
En mars dernier, un rapport de l’Inspection générale des finances remis au ministre du Budget Gérald DARMANIN précisait qu’au moins 310 000 agents publics travaillent moins que le seuil légal des 35 heures. Même si les professeurs n’étaient pas concernés, de nombreuses personnes et quelques médias ont pointé le fait que les enseignants ne faisaient «que 18 heures» (pour un certifié par exemple). C’est faux.
D’après la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), le temps de travail des enseignants du 2nd degré est estimé à 40 heures hebdomadaires. Pour les professeurs du 1er degré, cela avoisinerait les 44 heures hebdomadaires (en 2010) selon la note d’information de la DEPP (N°13.12 – juillet 2013). Bien au- delà des 35 heures donc. Des chiffres que l’on pourrait revoir à la hausse depuis, avec la mise en place des réformes du collège ou du lycée.
D’ailleurs, la récente déclaration du secrétaire d’Etat Olivier DUSSOPT va dans ce sens, estimant que les professeurs «travaillent largement la durée légale ». Pour autant, ce «largement» sous-entend bien ici qu’il s’agit d’un minimum. Dès lors, le SNALC, une nouvelle fois, demande à ce que le temps de travail des professeurs et des personnels non enseignants soit pleinement considéré et à ce que cela se traduise par une augmentation des salaires. Enfin, une dernière chose nous laisse perplexe : puisque nous travaillons largement la durée légale du travail, pourquoi nous imposer une deuxième heure de travail supplémentaire ? Quand l’incohérence rencontre le mauvais goût…