Depuis la création du statut d’AESH, en juin 2014, le SNALC n’a cessé de revendiquer un assouplissement des conditions de recrutement pour cette catégorie de personnels. Le gouvernement répond aujourd’hui positivement à cette demande du SNALC, puisque le 20 avril dernier, un groupe de travail chargé d’examiner un projet de décret visant à élargir le vivier de recrutement des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) s’est tenu au Ministère.
Les organisations syndicales présentes étaient le SNALC, le SE-UNSA et le SGEN. La FSU et la CGT étaient absentes.
Actuellement, seuls les titulaires d’un diplôme professionnel dans le domaine de l’aide à la personne ou les candidats justifiant d’une expérience professionnelle de deux années dans le domaine de l’aide à l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap (ESH), accomplie notamment dans le cadre d’un contrat CUI-CAE, peuvent être recrutés.
Avec ce décret, le Ministère envisage d’élargir le recrutement aux AVS sous contrat CUI-CAE ou contrat PEC depuis janvier 2018 ayant une expérience de neuf mois dans le domaine de l’inclusion scolaire des ESH, mais également aux candidats justifiant d’un titre ou diplôme classé au moins au niveau IV, ou d’une qualification reconnue au moins équivalente à l’un de ces titres ou diplômes. En l’occurrence, à la rentrée prochaine, un titulaire du baccalauréat pourra être recruté en tant qu’AESH.
Cet élargissement du vivier de recrutement est rendu nécessaire d’une part, par l’explosion du nombre de prescriptions d’accompagnement pour les élèves en situation d’handicap par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et d’autre part, par les exigences accrues des parents pour une école plus inclusive.
En effet, pour les élèves scolarisés dans les établissements ordinaires, le nombre de prescriptions d’accompagnement a nettement augmenté depuis 2012 (+ 64,1 % en 4 ans soit un rythme annuel moyen supérieur à 13 %). L’Éducation nationale est parvenue à maintenir le taux de couverture des prescriptions à un niveau très élevé : en 2016, il s’élevait à 92,6 % (93,4 % pour les prescriptions d’aide individuelle et 91,5 % pour celles d’aide mutualisée). Au total, en 2016, plus de 135 000 élèves bénéficiaient d’un accompagnement et environ 10 000 enfants étaient en attente. Actuellement, on estime à 300.000 le nombre d’élèves en situation de handicap, alors que fin 2017, on dénombrait seulement un peu plus de 42 000 AESH et 43 000 contrats aidés (soit respectivement presque 26800 ETP et environ 25 000 ETP) affectés à l’accompagnement d’élèves en situation de handicap.
Le SNALC s’est prononcé favorablement à l’élargissement du vivier de recrutement des AESH, qui doit impérativement s’accompagner d’une exigence de qualité. Dès lors, le SNALC se félicite que le gouvernement ait pris en considération ses préconisations pour le rétablissement d’un titre ou diplôme classé au moins au niveau IV ou équivalent pour les postulants et maintient que tout diplôme d’aide à la personne doit être aussi de même niveau (IV).
Toutefois, le SNALC attire l’attention sur la nécessaire formation des candidats, sans expérience dans le domaine de l’aide à la personne, recrutés à la rentrée prochaine. Par ailleurs, la réduction de la durée d’expérience à neuf mois s’étend aussi aux accompagnants de personnes en situation de handicap. Or, ces accompagnants n’ont forcément pas l’expérience requise auprès d’ESH.
La formation d’adaptation à l’emploi, de qualité souvent très inégale suivant les académies, sera sans doute insuffisante pour former ces nouveaux personnels. Le SNALC souhaite donc des directives précises du Ministère, à destination des académies, pour mettre en place une formation d’adaptation à l’emploi de qualité, avec un volume horaire adéquat, dès septembre 2018.
Enfin, le SNALC regrette que le Ministère n’ait pas profité de cet élargissement du vivier pour rendre le métier plus attractif, notamment en offrant aux AESH, un statut plus protecteur, une augmentation sensible de leur rémunération et in fine, une véritable professionnalisation de leur métier, limitant ainsi le turn over de cette catégorie d’agents. En effet, on est en droit d’attendre de notre société qu’elle octroie aux AESH les mêmes valeurs d’humanité, en commençant par la considération, que celles qu’ils déploient assidument et abondamment aux ESH qu’ils accompagnent.
Le SNALC continuera donc à se battre pour la professionnalisation et la reconnaissance des AESH.
Philippe FREY, vice-président du SNALC et Danielle ARNAUD, secteur des contractuels, contractuels@snalc.fr