Le SNALC considère qu’une formation efficace est une formation plus désirée que redoutée. A la rentrée 2021, plutôt que d’emprunter les routes de campagnes où règnent l’insouciance et la légèreté, elle prend la direction d’interminables et crispants embouteillages.
Impossible de doubler par la gauche
Dès la mise en place de la formation mathématiques, le SNALC n’a cessé d’alerter l’administration sur les débordements horaires occasionnés : de 18 heures, la formation continue s’est dirigée parfois sur 30 heures de matraquages mathématiques Villani-Torossian, avec un empiètement sur la journée de solidarité et sur les 2 demi-journées indiquées en bas du calendrier scolaire, celles qui « pourront être dégagées, durant l’année scolaire, afin de permettre des temps de réflexion et de formation sur des sujets proposés par les autorités académiques ». Comme si cela ne suffisait pas, s’y est ajouté un volant conséquent relatif à l’observation en classe. Puis ce fut au tour du plan Français. Aucune latitude n’a été laissée, des heures étant « banalisées » pour satisfaire l’impérieuse nécessité de ces plans trop ambitieux et précipités. Les enseignants, ayant traversé la crise sanitaire, sont exsangues et désireux d’être formés sur des sujets libres et moins chronophages.
Laisser la voiture sur le bas-côté ?
Conséquence pour le moins fâcheuse, les professeurs des écoles ont été contraints d’abandonner la mort dans l’âme des projets initiés de longue date pour suivre à contrecœur les formations imposées. Ce fut souvent le coup d’arrêt prématuré à leur investissement dans des projets qui leur tenaient à cœur. Et l’administration de répondre qu’il n’est pas inenvisageable de poursuivre les formations désirées en sus, pour ne pas dire sur le temps personnel. Les professeurs des écoles font assez d’heures supplémentaires non rémunérées comme cela.
Le rythme est dur à tenir. Une formation imposée au chausse-pied, en dehors des heures d’enseignement, au-delà des 18 heures, est une formation difficile à accepter et pour laquelle l’assiduité va immanquablement laisser à désirer pour cause de démotivation.
Mettez les warnings !
Si le SNALC n’est pas opposé sur le principe des formations dans les disciplines fondamentales que sont le français et les mathématiques, il pense qu’elles doivent prendre le temps plutôt que de faire rouler les enseignants à tombeaux ouverts sur les routes de la formation. Le trafic dense et le ralentissement ont cédé la place au bouchon et la file de voitures n’en finit plus de s’allonger : après le français et les maths, un plan de formation laïcité décrit comme « ambitieux » est déjà planifié sur quatre ans pour l’ensemble des personnels, de même que la création de référents « Laïcité et valeurs de la République » qui vont être formés de façon « intensive ». Les pauvres, on ne les envie pas.
Pour le SNALC, les demandes institutionnelles doivent être reconsidérées et revues à la baisse pour permettre d’une part aux formations de répondre aux besoins et d’autre part de respecter à minima les rythmes des personnels qui après avoir frôlé la surcharge, l’ont maintenant largement dépassée.
Les conseillers pédagogiques quittent l’autoroute
À la rentrée 2021, nombreux sont les conseillers pédagogiques à avoir abandonné leurs fonctions, quittant l’autoroute de la formation. Le SNALC avait alerté l’administration : les plans français-maths étaient intenables pour les formateurs dont les missions, se multipliant, faisaient exploser le compteur (horaire, pas kilométrique). L’inquiétude légitime des conseillers pédagogiques, incapables de mener à bien leur office sans une dégradation importante de leurs conditions de travail, s’est vérifiée. Qu’à cela ne tienne : il est prévu que 1000 formateurs « issus de toutes les académies » puissent bénéficier (si tel est bien le mot) d’une formation « renforcée et intensive » dès la rentrée 2021. Ça donne envie ! Il n’empêche qu’avec cette tendance à l’urgence permanente et à l’accumulation de tâches à un rythme effréné, il va falloir trouver les formateurs !
Au-delà de cet embouteillage, le SNALC perçoit d’une part la fatigue des personnels que l’administration, loin de soulager, aggrave et d’autre part le manque de choix concernant une formation qui devrait s’inscrire censément dans les besoins des enseignants. Aux antipodes de tout principe de liberté, la formation ne répond plus aux désirs et aspirations des personnels, mais à des plans préétablis dont il est impossible de s’extraire. Sommes-nous sur la route ? Ou plutôt sur des rails ?