Ce n’est pas sans une certaine appréhension que les enseignants du premier degré vont commencer cette année scolaire 2019.
Alors que la loi pour une École de la confiance, ou encore la loi de transformation de la fonction publique ne donnent vraiment pas le sourire, une nouvelle réforme à venir inquiète le SNALC. Cette réforme risque d’avoir un impact bien plus grave sur le moral déjà si bas des professeurs des écoles.
Depuis plus de vingt ans, l’enseignant du premier est degré épuisé de devoir remettre systématiquement en question ses pratiques et ses habitudes de travail pour répondre aux exigences des réformes incessantes.
Il est harassé par d’innombrables lectures en tout genre : vade-mecum, chartes, guides, notes de service, circulaires censées expliquer clairement les nouvelles règles et orientations.
Il est consterné par les mises en place dans la précipitation de nouvelles procédures instables et problématiques, qui semblent ne pas avoir été suffisamment testées au préalable, comme le mouvement des personnels.
Il est fatigué de devoir expliquer aux parents le bon sens d’orientations ministérielles dont il n’est pas lui-même convaincu.
Sans cesse culpabilisé, il est excédé de devoir faire face à des situations qui dépassent de très loin les compétences initialement requises pour son métier de professeur. Devoir satisfaire des missions de plus en plus exigeantes sans avoir forcément les explications, les outils ou le matériel adéquats devient pesant.
Face à cette situation, le discours élogieux du ministre à l’égard des enseignants à chaque début d’année n’instaure plus la confiance. Les mots ne suffisent plus pour compenser le ras-le-bol et la saturation des professeurs des écoles, pour redonner du sens à leur métier ou pour revaloriser l’image de la profession.
Les enseignants ne baissent pas les bras et continuent à faire tant bien que mal ce qu’il faut pour que les élèves ne pâtissent pas de cette détresse psychologique. Pour autant, le professeur est sous payé depuis vingt ans. Quelle récompense pour toujours plus de fatigue, toujours plus de demandes, d’injonctions, de responsabilités… Rien ou quasiment rien en retour.
Si cette rentrée s’annonce si noire, c’est que la réforme des retraites va tomber comme un couperet pour les enseignants du premier degré. En effet, le corps des professeurs des écoles sera incontestablement celui qui va le plus terriblement subir les effets négatifs de la réforme à venir. Inutile de préciser que cela pèsera encore plus sur le nombre de démissions, sur la baisse de l’attractivité du métier et sur le nombre de dépressions et de suicides. Le métier n’attire plus et attirera encore moins.
Le salaire était déjà une revendication historique mais avec cette nouvelle réforme des retraites, il devient impératif et urgent de prendre en compte sérieusement la situation des professeurs des écoles. Il en va désormais de l’avenir de l’École. En effet, on ne redonnera pas l’envie d’enseigner ou de devenir enseignant dans le premier degré sans revaloriser correctement et dignement les salaires. Cela fait maintenant plusieurs mois que le SNALC interpelle le ministère sur ce point et demande de réelles avancées significatives.