La loi de 2005 votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale devait être un immense progrès pour la prise en charge des personnes handicapées. Quinze ans après, force est de constater que nous sommes encore loin d’une prise en charge optimale. Sur le plan scolaire, la politique de l’inclusion se déploie progressivement suite à la loi de 2005 et connaît une accélération depuis la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, du 8 juillet 2013.
Si le SNALC ne peut que partager les ambitions humanistes de ces différentes lois, leur concrétisation reste difficile, pour ne pas dire qu’elle cache une réalité trop souvent sinistre et honteuse. Derrière l’objectif louable que le SNALC partage, d’améliorer la prise en charge des enfants en situation de handicap ou malades, on trouve surtout la grosse ficelle des économies budgétaires.
En effet, on assiste depuis plusieurs années à un décrochage entre le nombre de places nécessaires aux élèves ayant une reconnaissance de handicap ou une notification pour un accompagnement humain (aide de l’AESH) et le nombre de places réelles. Parallèlement, les services de pédopsychiatrie subissent également des coupes budgétaires qui ne leur permettent pas de répondre aux besoins. En clair, l’enseignement spécialisé est attaqué et grignoté méthodiquement.
Si bien, et nous le voyons tous à l’œuvre, que les RASED ont vu leurs effectifs divisés par deux et ne sont plus en mesure de remplir toutes leurs missions. Un certain nombre de SEGPA à 128 places sont passées à 64 places. Les IME et ITEP n’ont pas les budgets pour créer des places en fonction des besoins de la population. Sous la pression du ministère de la Santé, on réduit les places dans les établissements spécialisés sous prétexte que les élèves seront forcément mieux dans les écoles ou les collèges, parfois avec un(e) AESH, parfois sans, malgré les notifications de la MDPH.
Si certains élèves bénéficient grandement de l’inclusion, tous ne profitent pas d’une scolarisation en classe ordinaire. Surtout quand on manque d’AESH. Les accompagnants sont sous-payés, mal formés et maltraités par la hiérarchie, si ce n’est, gérés sans la moindre humanité dans beaucoup de départements. Les PIAL sont le dernier avatar d’une gestion purement budgétaire que le SNALC a dénoncé dès le départ, sans aucune reconnaissance ni pour les personnels ni pour les élèves.
Beaucoup d’élèves ont besoin de rééducation, de soins ou tout simplement d’un taux d’encadrement plus élevé que ce que l’on peut proposer dans une école. Jouant sur la conscience professionnelle des professeurs des écoles, la hiérarchie répond inlassablement que la réponse est pédagogique ce qui est à la fois insultant tant pour les élèves, pour les familles que pour les enseignants et faux d’un point de vue scientifique. Si l’on guérissait d’une pathologie psychique ou d’un handicap grâce à la pédagogie, les enseignants seraient tous prix Nobel de médecine. Et il serait plus que temps de transformer les hôpitaux en écoles.
Le SNALC dénonce depuis des années les coupes budgétaires sous couvert d’une « inclusion bénéfique », la maltraitance institutionnelle envers les professeurs des écoles que l’on culpabilise et à qui on fait porter l’échec d’une politique à court terme qui est commandée, non pas la rue de Grenelle, mais par Bercy et le ministère de la Santé. Le SNALC ne cesse de rappeler au ministère que si certains élèves bénéficient de l’inclusion, tous ne peuvent être inclus sans aide. Pour ceux qui ont besoin d’une scolarité très adaptée, on manque cruellement de places dans les établissements médico-sociaux, de santé, et d’aides humaines pour scolariser dans de bonnes conditions.
Le SNALC refuse que les enseignants soient désignés comme responsables d’un système pervers qui, après avoir fait des économies de court terme, accuse les enseignants des conséquences de cette même politique ; système pervers qui s’apparente de plus en plus à un défaut de soins et de respect aussi bien envers les élèves que les personnels. On trouve de l’argent pour un syndicat lycéen, pour le logiciel SIRHEN (plus de 600 millions d’euros dilapidés en vain), pour des colloques, pour de la communication ou pour empiler les strates administratives. Il est grand temps de mettre les moyens là où sont les besoins.