Direction d’école : il y a urgence !

Le SNALC demande depuis des années que les problèmes liés à la direction d’école soient enfin pris au sérieux, et regrette qu’il ait fallu le suicide et la lettre de Christine Renon pour obliger le ministère à réagir.

Une consultation formelle des organisations syndicales a été lancée la semaine dernière pour la mise en place d’un questionnaire à destination de chaque directeur. Certes l’analyse des résultats sera intéressante, mais le SNALC et les directrices et directeurs ont établi le constat depuis longtemps.

Devant l’urgence de la situation, le SNALC aurait souhaité que des mesures immédiates fortes et efficaces pour améliorer les conditions de travail des directrices et directeurs soient proposées. Les annonces faites lors du Comité Technique Ministériel de ce mercredi 13 novembre – à savoir une journée supplémentaire de décharge en novembre-décembre pour tous les directeurs, un moratoire sur toutes les enquêtes jusqu’à fin décembre, des groupes de suivi départementaux – ne changeront malheureusement pas le quotidien des collègues dans les prochaines semaines.

Au regard de la souffrance des directeurs et directrices, le SNALC considère que cet énième effet d’annonce n’est pas acceptable. L’analyse du questionnaire et des diverses réunions évoquées par le ministre repousseraient au mieux à septembre 2020 la mise en place de mesures à la hauteur du problème. Or il y a urgence.

Le SNALC insiste : s’il participera bien à tout le processus de négociation, il demande dès à présent une aide administrative immédiate pour chaque directeur.

Écoles orphelines : quand l’état ne donne pas plus à ceux qui ont moins

Les mesures se sont succédé sans interruption depuis 1981 et la création des zones d’éducation prioritaire destinées à réduire l’écart entre les élèves issus de milieux défavorisés et ceux ayant plus de chance socialement parlant.

Pour aider les écoles des quartiers défavorisés, l’État a usé de la classification desdites écoles en réseaux d’éducation prioritaire comme palliatif d’indicateurs sociaux en berne. Mais à cette fin, encore faut-il bien cibler les écoles en ayant le plus besoin. Or c’est loin d’être toujours le cas. Car si le but affiché était de casser les déterminismes sociaux ou plutôt de donner plus à ceux qui ont moins, d’autres inégalités ont vu le jour. Le SNALC ira jusqu’à dire d’autres injustices. A savoir l’exclusion de certaines écoles du label REP et REP+ car n’appartenant pas au secteur du collège de rattachement.

Si le label REP/REP+ offre une solution à 6 000 écoles (et 1 000 collèges), toutes les écoles qui nécessiteraient une aide n’y ont pas accès. Pourquoi ? Car l’attribution se fait de façon descendante : pour être classé REP/REP+, il faut pour une école, dépendre d’un collège en éducation prioritaire. Si les collèges obtiennent le label en fonction d’indicateurs sociaux, (parents d’élèves appartenant à des catégories socioprofessionnelles défavorisées…), ce n’est pas le cas pour les écoles qui doivent simplement être rattachées à un collège REP.

Quand on sait qu’en moyenne six écoles dépendent d’un seul collège de secteur, on comprend aisément le problème : le secteur, par sa taille, opère une moyenne ne permettant pas de considérer les cas propres à chaque école, cas souvent bien différents de celui du collège. Ainsi, des écoles des quartiers défavorisés sont orphelines car rattachées à un collège hors éducation prioritaire. En 2016, les études montraient au travers des données fiscales et du niveau de vie médian des habitants que les deux tiers des élèves des quartiers les plus défavorisés, soit 350 000 élèves, sont encore hors réseau. Il est donc temps que le Ministère classe les écoles en fonction de critères qui leur sont propres.

Quand le harcèlement moral conduit au suicide

CACHEZ CES CHIFFRES QUE JE NE SAURAIS VOIR
Après une série de gestes désespérés qui n’en finit pas de s’allonger, le monde enseignant est frappé de stupeur et les médias enfin attentifs, pour un temps du moins, à la réalité douloureuse du quotidien des professeurs des écoles. Si le SNALC a fait de la souffrance au travail son cheval de bataille, les médias ont trop souvent fait l’impasse sur ces drames pourtant évitables. Et la hiérarchie, plus que de nier l’évidence, est parfois le facteur déclenchant de ces descentes aux enfers au retour impossible. Car force est de constater que les cas se multiplient au fil des années. Lors de l’année scolaire 2018-2019, 58 agents se sont suicidés. Or ils sont pourtant loin d’être tous médiatisés.

La raison en est simple : si un suicide ne peut pas être rattaché à une souffrance purement professionnelle, l’administration ne fait pas remonter les données. Et de fait, les statistiques s’en portent bien pour l’administration. Du moins, en apparence. Les derniers chiffres dont on dispose datent de 2002. Le taux de suicide des enseignants est élevé selon les données INSERM de l’époque : il y aurait 334 suicides de professeurs en moyenne par an pour 857.000 professeurs, soit un taux annuel de 39 pour 100 000. Depuis la rentrée 2019, on dénombre il y a eu 11 suicides et 10 tentatives. Or, seulement 0.5% de ces 334 suicides sont médiatisés chaque année. C’est dire le déni et le pas de vague mis en place depuis, proportionnels à l’ampleur du mal qui ronge la profession.
Lire la suite

Syndicat enseignant