Une fonction publique meilleure sans fonctionnaires ?

Les premières lignes de l’exposé des motifs de ce projet de loi sont aussi alléchantes que la vitrine d’un chocolatier un jour de Pâques.

Ayez confiance, approchez, salivez… le projet est soigneusement présenté : il est d’abord question de la reconnaissance due aux agents si «attachés aux valeurs du service public», ainsi que de leurs perspectives d’évolution, de l’équité et l’égalité dans leur gestion, de l’amélioration de leurs conditions de travail, de la promesse d’une fonction publique redevenue attractive où les conditions de travail seraient enfin sérieusement prises en compte.

Mais qui a déjà souffert d’indigestion de précédentes réformes trompeusement présentées pressent ce que contiennent ces confiseries ainsi emballées. Pour les papilles averties, l’amertume l’emporte sur la gourmandise au goût de certaines mentions : il s’agit par exemple de «développer des leviers managériaux » permettant de disposer de «vrais chefs d’équipe» pouvant «recruter [localement]» avec une «nouvelle souplesse» et sans avoir à rendre compte «systématique au niveau national» pour un service public «de meilleure qualité». On traduit : le chef recrute lui-même des contractuels précaires à gestion flexible sur des emplois permanents de fonctionnaires, qui sont rémunérés selon leur performance (ou l’idée qu’il s’en fait) et l’on entend ainsi retrouver enfin la qualité et la réactivité du service public.

Un peu plus loin, on découvre que les fonctionnaires désireux de muter ou d’être promus se verront désormais informés de la décision de l’institution, sans que celle-ci soit examinée par la CAP – où les syndicats rattrapent pourtant toujours des erreurs, des anomalies et des oublis suspects. Et cette «innovation» est déguisée derrière la promesse de «simplifier» (sic !) les mutations, les promotions, l’avancement des agents en «supprimant les CAP».

Ce projet de loi, qui n’a même pas recueilli l’unanimité parmi les représentants de l’État employeur, a été rejeté par tous les syndicats du CCFP du 15 mars, qui ont refusé de siéger – à l’exception de la CFDT (SGEN).

Retrouvez le dossier complet :

  • Titre 1 : Promouvoir un dialogue social plus stratégique et efficace dans le respect des garanties des agents publics.
  • Titre 2 : Transformer et simplifier le cadre de gestion des ressources humaines pour une action publique plus efficace.
  • Titre 3 : Simplifier et garantir la transparence et l’équité du cadre de gestion des agents publics.
  • Titre 4 : Favoriser la mobilité et accompagner les transitions professionnelles des agents publics.
  • Titre 5 : Renforcer l’égalité professionnelle.

C’est ici dans la quinzaine universitaire du 22 mars 2019

Congrès académique du SNALC de l’académie de Nice : salle comble !

Devant l’affluence des collègues qui ont suivi le congrès du SNALC, il a fallu sortir les strapontins.
En rangs serrés dans la salle ne contenant pas moins de 150 places, les congressistes ont reconduit dans leurs fonctions la présidente Dany COURTE, la secrétaire académique Françoise TOMASZYK et le trésorier Pierre-Yves AMBROSINO.

Tout au long de la journée nous avons pu écouter les divers intervenants nationaux et académiques et les interroger sur les questions du moment qui préoccupent les enseignants.

Les interventions du président national, Jean-Rémi GIRARD ont été particulièrement appréciées. Interrogé à l’issue du congrès par Var Matin, nous reproduisons ci-dessous leur article du 29 mars 2019.

Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges, est en congrès à Sophia Antipolis ce vendredi. Les réformes, la violence : tour d’horizon des sujets qui font bouger le SNALC.

Le Syndicat national des lycées et collèges revendique 14 000 adhérents en France, dont 6 à 700 dans l’académie de Nice. Son président, Jean-Rémi Girard, aujourd’hui en congrès à Sophia Antipolis, rejette l’étiquette qui colle souvent au SNALC : « Non, nous ne sommes pas de droite, contrairement à ce que des concurrents essaient de faire croire de façon un peu malveillante… compte tenu de la sociologie des personnels de l’Éducation nationale. Nous sommes un syndicat professionnel indépendant des partis et nous avons montré depuis de nombreuses années, par nos votes, que ce n’est jamais la couleur politique du ministre qui dicte notre position.

Pourquoi vous élever contre le poids accru du contrôle continu ?

Ce n’est pas notre priorité. Même si le baccalauréat, tel qu’il existe, n’est pas un grand succès, avec des taux de réussite qui masquent assez mal les taux d’échec à l’université ensuite. Notre problématique, c’est surtout la réforme du lycée qui l’accompagne. Où l’on dissimule des suppressions de postes tout en créant une architecture qui ne convient absolument pas. On n’a rien changé à la classe de seconde, celle qui pose le plus de difficultés. Et surtout, dans la voie générale, on fait un système où les élèves « choisissent » trois spécialités et doivent en abandonner une entre les classes de première et de terminale, ce qui est ubuesque. Une catastrophe pédagogique.

Lire la suite

Syndicat enseignant