Une pizza et un cinéma par mois

Lors de sa conférence de presse de rentrée, mardi 27 août, notre Ministre a présenté les trois défis pour les années scolaires à venir : l’égalité des chances, le bien-être au travail et la question environnementale.

Dès le début de son allocution, il a affirmé que « le bien-être au travail des professeurs conditionne la réussite des élèves. ». Le SNALC est bien d’accord sur ce point.

Pour notre Ministre, l’amélioration des conditions de travail repose sur deux volets, l’un immatériel et l’autre matériel.

Le volet immatériel « à la base de tout » concerne le prestige du professeur. La vision que la société a des professeurs doit changer et cela passerait notamment par la protection des personnels. Un référent violence en milieu scolaire sera nommé aux côtés de chaque IA-DASEN et une circulaire est à venir sur les violences verbales et physiques. Le SNALC a réagi immédiatement lors des vacances de la Toussaint 2018 en dénonçant la violence minimisée et étouffée par la hiérarchie, et attend maintenant des actes.

Le volet matériel, devenu primordial pour les collègues, n’a été abordé qu’en deuxième position. Au programme : prime Rep+ portée à 2000 euros, heures supplémentaires défiscalisées (quasi inexistantes chez les PE) et poursuite du PPCR avec augmentation de la grille indiciaire (300 euros brut annuel selon le Ministre soit une pizza et un ciné par mois !). Toutes ces mesures sont des revalorisations en trompe l’œil.

Les professeurs de l’éducation prioritaire et particulièrement ceux de CP et CE1 ont réellement pu sentir une amélioration, par leurs primes et le dédoublement. Mais pour les autres professeurs ? Est-ce cela la revalorisation de la profession, toute la profession ? Et comment supporter d’entendre notre Ministre déclarer : « La réforme des retraites sera l’occasion de travailler tranquillement sur la revalorisation » ?

Travailler pendant les vacances !

Comme nous le redoutions depuis des années, le ministère vient d’arriver à ses fins : faire travailler les professeurs pendant les vacances, sous prétexte de les former ou de parfaire leur formation !

En application de la toute récente loi, il vient d’instituer jusqu’à cinq jours de formation obligatoire pendant les vacances scolaires. Mais pour faire passer la pilule, il a décrété qu’ils seront rémunérés.

Désormais, nos collègues devront être informés au début de l’année scolaire s’ils devront consacrer une partie de leurs congés de l’année (Toussaint, Noël, février ou printemps) à cette formation qu’elle leur plaise ou non, qu’elle corresponde à leurs besoins ou non.

Noter toutefois que la rémunération ne sera versée qu’en fin d’année la plupart du temps !

Le taux de l’allocation est de 20 euros (brut) de l’heure dans la limite de 60 euros par demi-journée et de 120 euros par journée.

Les plus anciens de nos collègues se souviennent de la création en 1989 par Michel Rocard de la C.S.G. : son montant n’était que de 1,1% sur les revenus. Il est aujourd’hui de 9,2 %. Qui sait si ces 5 jours resteront au nombre de 5 dans les années futures !

Transformation de la fonction publique : l’avis du SNALC

Loi n°2019-828 du 6 août 2019
DÉGRADATION DE LA FONCTION PUBLIQUE

Moins de six mois se sont écoulés entre la présentation des grandes lignes du projet en février au CCFP et la signature du texte de loi par notre président en vacances au fort de Brégançon le 6 août 2019 : c’est dire, sinon le zèle, du moins l’urgence dont ont fait preuve nos gouvernants pour transformer la fonction publique. Et peu importe que le projet ne recueillît pas l’unanimité, y compris parmi les représentants de l’État employeur, et qu’il fût rejeté par tous les syndicats du CCFP dès le 15 mars.

Prétendument motivée par le souci de la reconnaissance due aux agents si « attachés aux valeurs du service public » et leurs perspectives d’évolution, présentée comme la promesse d’une fonction publique redevenue attractive où les conditions de travail seraient enfin sérieusement améliorées, cette loi de transformation est arrivée comme un uppercut dans les statuts et les droits des fonctionnaires.

Disparition des instances de dialogue social ou réduction à leur plus simple expression – au sens propre -, contractualisation sans limite et précarisation, prise en compte des résultats dans la rémunération, remise en cause du temps de travail, durcissement de l’autorité et du régime des sanctions, recours aux ordonnances… au-delà de ce programme, cette loi comporte aussi, notamment dans son titre cinq, des évolutions attendues sur l’égalité professionnelle noyées dans un projet globalement pernicieux.

Le SNALC dénonce avec colère la méthode qui consiste à tenir un simulacre de dialogue social et à présenter comme une transformation salutaire pour tous quelques mesures en faveur de l’égalité au milieu de brutales régressions sur des décennies d’acquis sociaux.
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