Retraite et rémunération : où en sommes-nous aujourd’hui ?

En dépit des inquiétudes légitimes, des simulations alarmantes et des contestations, la volonté présidentielle de passer à un système de retraite par points n’a pas faibli. Une nuance est néanmoins apparue : la possibilité de « donner du temps à la transition » en n’appliquant le système à points qu’aux nouveaux salariés de certains régimes spéciaux. Les actuelles catégories actives seraient ainsi épargnées : policiers, gendarmes, militaires, infirmiers, cheminots etc.
Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire chargé des Retraites, travaille d’ailleurs à la préparation d’une période transitoire pour les professions bénéficiant d’un régime spécial. Mais à aucun moment il n’est fait mention des instituteurs et des professeurs…

Le 23 octobre 2019 s’est tenue la Commission de l’Education de l’Assemblée nationale, lors de laquelle Jean-Michel Blanquer a présenté le budget éducation pour 2020. Un milliard de hausse fut annoncé, dont 80% seraient dévolus aux personnels et à leur pouvoir d’achat. Concrètement pour le ministère, ces 80% se déclineront ainsi : augmentation du volume des heures supplémentaires, revalorisation due au PPCR, revalorisation progressive des débuts de carrière, troisième revalorisation des personnels en Rep+ et les 30 millions d’euros restants consacrés à l’amélioration du taux de passage à la hors classe pour les professeurs des écoles.
Concrètement pour les professeurs, aucune revalorisation salariale n’est budgétée pour 2020.

Le SNALC vous rappelle que sa principale revendication reste justement la revalorisation salariale de tous les métiers de l’Education nationale et qu’il est partie prenante des discussions ministérielles sur la future réforme des retraites.

Les professeurs des écoles : premières victimes d’une universalité mal pensée

« Pour une retraite plus juste pour tous » n’est pas la formule que les professeurs utiliseraient pour qualifier les préconisations du rapport de M. DELEVOYE. Car en refusant de prendre en compte les particularités du métier de professeur, le passage à un système de retraite par points, sous couvert d’universalité, creuse davantage les inégalités.

En effet, notre calcul de retraite actuel, basé sur les six derniers mois, compense une faible rémunération sur l’ensemble de la carrière. Mais la retraite par points, avec une rémunération nettement inférieure aux autres cadres A de la fonction publique, fait des professeurs les grands perdants de la réforme des retraites. Et parmi eux, les professeurs du premier degré sont tout particulièrement désavantagés.

Tout d’abord, les professeurs des écoles sont dans l’impossibilité d’effectuer des heures supplémentaires avec 27 heures d’enseignement par semaine. Et la grande majorité d’entre eux ne perçoit aucune prime, mis à part une ISAE part fixe de 100 euros.

De plus, contrairement aux professeurs du second degré et aux autres professions, les professeurs des écoles ne peuvent pas partir en retraite à leur date anniversaire et se retrouvent dans l’obligation de terminer toute année scolaire entamée. Au nom de l’universalité, les PE sont en droit de réclamer la fin de ce particularisme.

Enfin, l’allongement de l’espérance de vie est à confronter avec l’espérance de vie en bonne santé. Enseigner jusqu’à l’âge limite actuel de 67 ans pour tenter de réduire un tant soit peu la perte considérable induite par les nouvelles modalités de calcul des pensions est inconcevable pour quiconque a déjà été enseignant en école primaire.

Une adaptation du projet de réforme des retraites aux spécificités de notre métier est plus qu’indispensable si l’on souhaite continuer à recruter des enseignants et maintenir l’existence d’une éducation nationale. La situation des professeurs des écoles est emblématique de l’ineptie d’un projet universel qui ne tient pas compte de la faiblesse des rémunérations et de la difficulté des conditions de travail propres aux métiers du MEN.