Le mot du président : quand la politique brouille l’écoute

Le SNALC est un syndicat réaliste. Il n’attend pas, surtout dans la période que nous vivons, que l’on prenne des décisions qui satisfassent 100% des gens 100% du temps. Mais ce qu’il attend, c’est qu’on améliore le processus qui mène à la prise de décision. Et actuellement, un élément central fait défaut : l’écoute.

Prenons la crise sanitaire : il aura fallu se battre pour simplement avoir des points réguliers avec le ministère sur la situation. Points qui en viennent à intéresser autant le ministère que les syndicats, d’ailleurs. Était-ce si inconcevable que des organisations représentatives, élues par les personnels, aient des choses intéressantes à dire et à faire remonter ?

Ce souci, on le retrouve partout. On n’a pas été écouté en novembre sur la situation dans nos établissements. Il a fallu en passer par la grève et par les vidéos filmées par les lycéens sur leurs portables, montrant les couloirs, les halls, les cantines. Et là seulement, ça a bougé (un peu, et uniquement en lycée).

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Manuels de lecture obligatoires : voie imposée ?

Telle une chandelle qu’on mouche, la possibilité de choisir sa méthode de lecture pour sa classe est soufflée par notre ministre qui passe un cap et a commencé à tester, quitte à être détesté, un manuel officiel, entravant ouvertement la liberté pédagogique si chère au SNALC. Les professeurs des écoles restent sans voix.

L’Education nationale a lancé l’expérimentation de son propre manuel de lecture dans dix départements

Cette doctrine normative a commencé à s’implanter en 2020 avant de s’étendre à l’ensemble du territoire. Étonnant quand on sait que notre ministre, auditionné le 8 novembre 2017 par la commission des finances du Sénat, avançait : « Il n’est pas logique que le ministère de l’Éducation nationale finance les manuels scolaires des collèges alors que pour les autres niveaux, écoles et lycées, cela relève des communes et des régions. D’un point de vue cartésien, rien ne justifie cette exception. » Il n’avait pas manqué de contredire « l’insuffisance » du budget 2018 dédié aux manuels : 16 millions d’euros, contre 210 millions les deux années précédentes, générosité due à un « accompagnement normal avec les changements des programmes », façon de le justifier alors. Puis d’insister, de façon prédictive, sur l’impérieuse nécessité de mener « une réflexion structurelle » au sujet des manuels scolaires.
Décidant d’emprunter la voie de la facilité et s’affranchissant de la consultation et de l’expérimentation préalables, il propose l’ouvrage en CP. En 2018, le guide orange Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP, rédigé sous la houlette du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, le conforte dans son intention d’écrire une nouvelle page du débat sur les méthodes de lecture et ceci sans validation par une quelconque expérimentation. Il affirmait que « L’idée n’est pas d’homogénéiser les pratiques mais de créer une référence commune. » Néanmoins, cela ressemble fort à une standardisation. Depuis, les méthodes imposées au nom de pédagogies novatrices prennent d’assaut les écoles des circonscriptions les plus zélées, la syllabique pure étant imposée plus que proposée à des volontaires désignés d’office.

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